John SAUL
La Présence JJ
Flammarion
125 francs, 291 pages
Hip hip hip hourra ! ! ! Enfin du bon John Saul ! Vous vous souvenez
que lors de notre numéro 1, j’avais fait la critique de Foudre
Noire (paru aux éditions Lefrancq) et quelle critique ! Saul
nous avait gratifié d’un roman banal, certes d’une lecture agréable,
mais d’un ennui mortel. Ouf, ce n’était que passager et avec La
Présence, nous retrouvons toute l’imagination de cet écrivain
américain en passe de devenir un des auteurs-phare du fantastique
moderne. Le fait qu’il soit aujourd’hui publié chez Flammarion témoigne
d’une part, que le fantastique acquiert une tribune plus vaste en étant
édité chez des "majors" et d’autre part, que John Saul est
devenu un auteur incontournable au même titre que Stephen King ou
Anne Rice. Félicitons-nous en…
Katharine Sundquist, archéologue brillante, se voit proposer une place de rêve : travailler sur un site à Hawaï où l’on a découvert de curieux ossements. Tout d’abord rétif à ce changement de vie, son fils Michaël trouve bientôt plusieurs raisons de se réjouir. En effet, il se fait de nombreux amis et il est accepté dans l’équipe d’athlétisme du collège.
Mais bientôt cette vie idyllique se voit troubler par des événements curieux et inquiétants. Un ami de Michaël décède dans des conditions mystérieuses, les ossements qu’étudie Katharine paraissent d’une origine indéterminée et lorsqu’elle veut en savoir davantage, on lui met des bâtons dans les roues. Et puis il y a Michaël qui semble changer, surtout depuis qu’il a pratiqué une plongée de nuit avec ses copains. Une menace se profile mais Katharine ignore d’où cela peut venir, jusqu’à ce qu’elle découvre que son patron, le richissime Takeo Yoshihara, est derrière toute cette affaire. Quelles recherches mène-t-il dans son laboratoire hyper-protégé ? Est-il sur le point de créer une race de mutants ? Michaël est-il devenu l’un de ses cobayes ? Que contenait les bouteilles de plongée qu’il a utilisé ? Autant de questions auxquelles Katharine s’efforce de trouver des réponses mais peut-elle vraiment découvrir la vérité, aussi horrible soit-elle.
Pour les inconditionnels et les connaisseurs
de Saul, l’histoire de La Présence rappellera celle de Créature,
un de ses autres romans. Ici aussi, il est question de manipulations
génétiques, d’expériences interdites aux résultats
monstrueux. Mais contrairement à Créature, ce roman
est plus abouti à la fois par la complexité de son scénario
et aussi par la maîtrise dont fait preuve l’auteur dans la gestion
de la trame narrative. Saul a pris de la bouteille et est passé
maître dans son art. Le livre se dévore sans ennui de la première
à la dernière page. Je voudrais ajouter un mot sur le style
: il est devenu imagé, clair et chaleureux, ce qui manquait jusque-là
à Saul pour peut-être attirer le lecteur. En effet, il se
caractérisait par une certaine froideur et aridité dans les
phrases, ce qui avait pour effet de laisser le lecteur "en dehors" de l’histoire,
contrairement à ici, où l’on plonge avec délectation
dans cette histoire au suspense ravageur.