Ces dernières années, l'élevage des volailles s'est enfermé dans des hangars sans fenêtres qui maintenant défigurent le paysage. La photo ci-dessous d'un dindon reproducteur mcintre à quel point l'élevage industriel des volailles est tombé bas.
Traduit par CHARLES NOTIN (Eté 1995)
Les statistiques décrites dans ce livre sont basées surtout sur des informations venant de la Grande-Bretagne, mais la plupart des pratiques d'élevagedécrites ici sont utilisées dans le monde entier.
SOMMAIRE PAGE
Photo de couverture: Dindon débecqué, sauvé de l'abattage par Chickens' Lib. Photo: Dave Clegg
«La pire torture infligée à une poule de batterie
est l'impossibilité de se retirer quelque part pour
pondre. Pour la personne qui connait un peu les
animaux, il est réellement déchirant de voir
comment une poule essaie et essaie encore de
ramper sous ses voisines de cage pour y chercher
en vain un endroit abrité»
Professeur K. Lorenz,
Prix Nobel et éthologiste.
Depuis que Le Professeur Lorenz a fait cette observation (en 1981), des chercheurs ont prouvé que dans des conditions expérimentales, des poules franchiront une gamme très étendue d'obstacles pour parvenir à un pondoir (nid de ponte) où elles pourront pondre en étant isolées. Une poule de batterie n'aura aucune chance de le faire - elle devra pondre au milieu de ses co-détenues, à mêrne le sol grillagé.
La législation européenne prévoit 450 cm2 par poule dans les élevages en batterie - moins gue le double de la surface de cette page.
'On peut voir souvent des poules enfermées dans des cages de
batterie au sol grillagé .... faire tous les mouvements correspondant
à la prise d'un bain de poussière. Si des oiseaux privés à ce point de
ia possibilité de se rouler dans le sol ont par la suite accès à quelque
chose dans lequel ils peuvent prendre un bain de poussière, alors ils
se livrent à une véritable orgie de bains de poussière, cherchant
apparemment à rattraper le temps perdu...'
Through Our Eyes Only, Dr Marian Stamp Dawkins, Département
de Zoologie, Université d'Oxford (W.H. Freeman, Spektrum
1993)
Peules recueillies par l'association britannique "Chickens'Lib". Toutes les poules brunes sont des rescapées d'élevages en batteries. Lorsqu'elles furent délivrées de ce cruel type d'élevage, elles n'avaient plus de plumes.
Photo: Chickens' Lib.
«Pour une personne gui connaît les animaux, il est déchirant de voir comment une poule essaie encore et encore de ramper sous ses compagnes de cage, afin de chercher en vain un endroit isolé.»
Quand un oeuf est pondu, le cloaque s'élargit; rouge et humide, il attire l'attention des autres poules qui sont en proie à la frustation et à l'ennui. Celles-ci peuvent alors picorer ce cloaque, et cela peut mener au cannibalisme. Et dans une cage de batterie, il nÆy a aucune possibilité de fuite!
(image, Poules de batterie, allec des oeufs «frais de ferme» s'accumulant près des cadavres en décomposition de deux autres poules.)
«L'une de mes tâches était de retirer les oiseaux morts: je n'étais jamais à court de travail. A cause de la faiblesse de l'éclairage, les deux étages inférieurs étaient dans l'obscurité, et il était impossible de voir si les poules étaient encore vivantes. Quandles carcasses étaient retirées, c'étaient souvent des crânes et quelques os. Une fois, je pris part au vidage d'un hangar de dix mille poules. D'autres gars des fermes voisines furent appelés et la torture commença. Je me souviens qu'on me cria après parce que je procédais trop doucement. Les oiseaux étaient tirés des cages par les
pattes. Les ramasseurs trarisportaient quatre oiseaux dans chaque main jusqua la sortie du hangar. Le bruit etait assourdissant, l'odeur putride. Pattes, ailes et cous étaient brisés sans ménagement. Quand j'y réfléchis maintenant, l'ensemble du système est incroyablement cruel. Ceci étant dit, cette ferme-la était plut⌠t une bonne ferme pour un élevage en batterie: Le sol était balayé tous les jours et on prenait des mesures contre les maladies et les animaux nuisibles ... J'ai cessé de travailler dans l'aviculture industrielle après avoir eu des cauchemars.»
Souvent presque totalement déplumées, les poules pondeuses "usées" endurent de grandes souffrances lors du transport à l'abattoir. Ces trois ex-poules de batterie ont été sauvées de ce destin. Ici, on peut le voir profiter du soleil pour la premiére fois de leur vie. Remarquez comme l'une d'elles étire une aile, afin de sentir la chaleur des rayons du soleil. Photo: Dave Clegg
Une étude de l'Université de Bristol a révélé que 24% des poules de batterie subissent des fractures pendant le ramassage.
- C'est ainsi que le Professeur John Webster de l'Université de Bristol a décrit l'industrie du poulet de chair. Nous vous invitons à voir de plus près la production de cette «saine» viande de poulet.
Vers la fin de la période d'élevage, certains poulets sont tellement infirmes qu'ils ne peuvent plus marcher; ces poulets meurent donc de faim ou de déshydratation.
«Cela doit être fait tous les jours à cause de la chaleur et à cause de
l'entassement des poulets. &uand vous ramassez un poulet mort, il
est courant qu'il soit déjà décomposé au point de n'être qu'un amas
d'os et de matières liquéfiées.»
Ouand des oiseaux sont mis ensemble en si grands nombres (plusieurs milliers ow dizaines de milliers dans un même hangar), il est impossible d'inspecter efficacement leur état de santé. De nombreux oiseaux morts ou moribonds ne sont pas remarqués; les cadavres se décomposent sur le sol. Les coups dechaleur causent de nombreuses morts.
«un besoin très important
d'oxygène dû à la croissance
rapide des poulets modernes,
combiné avec un manque
d'espace pour la circulation
du sang dans les capillaires
des poumons.»
(Poultry Diseases, Ed.
F.T.W. Jordan, Baillere
Tindall, 1990)
(caption, Des poulets vivants picorant le cadavre d'un poulet mort en cours d'élevage. A l'âge d'abattage, ils couvriront entiérement la surface du parquet. Photo: Oxford Environmental Films)
(caption, Pattes atteintes d'ulcéres sur des poulets abattus. Photo: Chickens' Lib)
«Comme l'alimentation contr⌠lée des poulets est une technique qui
tend à se développer, il est important de la présenter au public
comme une pratique ménageant le hien-être des poulets. Pour ccla,
il faut parler de «contr⌠le de la croissance» et non de «restriction de
la nourriture»...Ily a une possibilité évidente dans le contr⌠le de la
croissancc des poulets, mais il faut utiliser la terminologie
appropriée.»
(John Farrant, Editeur, Poultry World, Novembre 1994)
Dans le langage ordinaire, lespoulets affamés passent leur temps à fouiller une litière souillée de déjections en quête d'une nourriture qui n'existe pas.
Un expert avicole a suggéré d'élever les poulets de chair dans des cages (ce qui se fait déjà dans certaines parties du monde), comme une "solution" àcertains problèmes.
Le poulet "moderne" est un monstre génétique, condamné àtoute une série de maux physiques et mentaux, qui sont les résultats:
De nombreux oiseaux sont débecqués, afin de réduire les dégâts dûsà l'agressivité; cela peut causer des douleurs permanentes.
(caption, Agés de quelques semaines seulement - et déjà victimes du système de l'élevage industriel des poulets de chair. Photo: Chris James)
(caption, Dinde sauvage protégeant ses petits. Photo: Gary Griffen Animals Animals/OSF)
Une litière devenant humide et n'étant pius friable, l'environnement appauvri, et une faiblesse des pattes dûe à la sélection génétique provoqluent des brulures du jarret (analogues aux escarres) et des ulcérations aux pattes.
Intérieur d'un élevage de dindes intensif typique. Photo: Philip Lymbery
Les dindes sont abattues de la même façon que les poulets, et peuvent subir de grandes souffrances à ce moment. Comme ces oiseaux sont très lourds (un dindon adulte peut avoir le poids d'un enfant de 8 ou 9 ans), et
Dinde débecquée avec un oeil blessé. Photo: Oxford
souvent effrayés, un énorme effort est imposé à leurs pattes et à leur bassin lorsqu'ils sont suspendus par les pattes la chaine d'abattage. A cela s'ajoute le fait que les ailes touchent souvent des parois mal isolées électriquement dela cuve d'eau électrisée, et, que ceci cause de pénibles et terrifiants chocs électriques avant que l'étourdissement ait réellement lieu.
Ces canards ont été achetés dans un important accouvoir industriel et élevés par F.A.W.N. Dés le premier jour, ils onl montré un intense intérêt pour l'eau, et passent l'essentiel de leurs périodes dßctivité à nager et à explorer ruisseaux et mares. Photo: Chris James
Le Ministère britannique de l'Agriculture (M.A.F.F.) estime qu'environ 75% des canards sont élevés intensivement, dans des hangars analogues aux hangars à poulets, où l'éclairage peut être presque permanent, mais de faible intensité.
Le Code du M.A.F.F. pour la protection des canards estime que «Le système d'élevage devrait être adapté à la sante et aux besoins comportementaux des canards».
Jolie phrase, mais bien creuse. Dans son ADAS Reference Book 70 'Canards et oies', on peut lire: «On peut penser beaucoup de bien de l'elevage et de l'engraissement sur sol grillagé» et : «Il n'est pas nécessaire de prévoir de l'eau pour nager.»
De nombreux canards ne connaissent rien d'autre qu'un abreuvoir allongé et peu profond, ou, pire, des systèmes qui ne leur permettent même pas d'immerger la tête. Des maladies des yeux (et même de la cécité), et un mauvais état du plumage peuvent resulter de cette privation. Il est cruel de refuser à des canards de l'eau dans laquelle ils peuvent nager, du fait qu'ils sont génétiquement "programmés" pour passer le plus ciair de leur temps dans l'eau.
Un projet de document européen sur la protection des canards mentionne les «problèmes qui se posent fréquemment» (à l'occasion du ramassage et du transport), problèmes qui sont, sans le moindre doute, sembiables aux cruels «problémes», rencontrés dans l'élevage des poulets et des dindes.
Malgré des études qui indiquent que pour les canards, il faut un cou rant beaucoup plus fort pour assurer un étourdissement réel, le M.A.F.F. ne donne aucune recommandation spéciale pour la protection des canards au moment de l'abattage.
"Autruchons
nouvellement
éclos" par John
Seerey-Lester
(Droits d'auteur
de l'artiste)
Les autruches, qui peuvent atteindre plus de 2,5m de haut, peuvent vivre jusqu'à quatre vingt ans. Vivant dans des pays secs et chauds, elles couvrent de grandes distances et peuvent courir à 60 km/h.
Ces grands oiseaux sont souvent confinés dans des enclos; les petits restent souvent pendant des semaines dans des hangars si le climat est froid ou tempéré. Les a utruches n'o nt pas de g lande serva nt à graisser les plumes; donc leur plumage n'est pas imperméabilisé. Au lieu des graines et des plantes du Veld sud-africain, elles sont nourries avec des aliments composés analogues à ceux des poulets industriels, pouvant même contenir des sous-produits d'abattoirs.
Les autruches sontconsidérées comme des «animaux sauvages dangereux», et il faut une licence pour en avoir (en Grande-Bretagne; a la date d'écriture de ce livre, Janvier 1995). Les oeufs doivent être ramassés chaque jour pour être placés en couveuse artificielle. (Pendant les premiers mois de leur existence, les autruchons sont trés fragiles. Photo: FAWN) A ce moment, les mâles deviennent très agressifs et les fermiers doivent prendre de grandes précautions pour se protéger.
apparentes ("Syndrome d'extinction des poussins"). Dans leur habitat naturel, les autruchons sont robustes et forts.
«D'autres gains de productivité pourraient être réalisés en doublant la quantité de viande que produit chaque oiseau. Le Docteur Coleman (président d'une firme américaine de conseillers en aviculture - note de l'auteur) pense que les autruches à courouge et bleu, qui pèsent en moyenne 250kg, pourraient être élevees de façon à obtenir un poids de 450kg». World Poultry, Misset, Vol 10, No. 8, 1994
"Les autruchons" par John Seerey-Lester, imprimé en nombre limité. S'adresser à:
Washington Green Fine Art Publishing Company
30 Marshall Street
Birmingham B1 1LE
Quoique sauvages et craintives de nature, les cailles japonaises sont maintenant élevées de facon intensive par millions, afin de fournir de la viande et des oeufs pour une clientèle recherchant des produits «de luxe». Leur croissance rapide et leur maturité sexuelle précoce rendent ieur élevage profitable.
(caption, Cailles de chair élevées en hangar dans des conditions analogues à celle des poulets de chair. Photo fournie par Caillor S.A.-40120 Sarbazan)
Ces mêmes cailles, lorsquÆelles sont cruelliement entassées dans des cages (80 cailles au m2), ne peuvent pas prendre de bains de poussière ou rechercher de la nourriture, les femelles n'ont aucun endroit isolé pour pondre et n'ont aucun matériau pour construire un nid. L'élevage «sur litière» (dans des hangars analogues à ceux utilisés pour l'éievage des poulets) prive, lui aussi, les oiseaux de liberté: il leur procure un environnement pauvre et les entasse dans la pénombre. Dans l'impossibilité de satisfaire leurs besoins comporte mentaux les plus élementaires, les cailles d'élevage souffent d'un stress aigu. Rendues agressives par leurs détestables conditions de vie, les cailles s'attaquent entre elles, picorant les plumes ou parfois les yeux des voisines. Des blessures à la tête, qui peuvent être mortelles, sont fréquentes. La compétition pour atteindre la nourriture peut provoquer des blessures et peut provoquer la mort par inanition des oiseauxies plus faibles.
(Les opinions exprimées dans ce livre ne reflètent pas automatiquement celles des fournisseurs des deux photographies de cailles.)
Pour davantage d'informations sur la protection des animaux de ferme, contactez s'il vous plait:
Protection Mondiale des Animaux de Ferme
4, rue Maurice Barrès 57000 Metz France
Tel: 87 36 46 05 Fax: 87 36 47 82