A dix-huit ans, Jean-Paul Gaultier est engagé comme dessinateur chez Pierre Cardin: "quand j'ai franchi le seuil de sa maison de couture, maman m'accompagnait, j'avais la trouille. Je ne savais même pas àqui il ressemblait. Il m'a engagé à500 francs par mois. J'ai accepté. Du moment que je travaillais avec lui. J'ai tellement appris. C'était en 70, àl'époque Cardin était déjà un personnage très important dans la mode, il avait déjà tout gagné. Mais il ne restait jamais statique. D'une minute àl'autre, il pouvait décider de tout chambouler: reléguer un chiffon au rayon chaussures, remonter un tissu pour le glisser dans sa prochaine collection. Tout était possible. Quand il a ouvert son théâtre des Ambassadeurs, j'ai eu aussi l'occasion de dessiner des meubles, des assiettes."
Avec Pierre Cardin, Jean-Paul Gaultier va apprendre que la couture n'est pas un métier figé, tout peut changer àchaque instant jusqu'à la veille d'un défilé. "Il m'a appris àtrouver des idées de mode en regardant ce qui se passe autour de nous, sans avoir toujours besoin de références culturelles."
Puis Jean Paul Gaultier entre chez Jacques Esterel; il y reste un an avant d'intégrer la maison Patou comme assistant de Michel Goma puis d'Angelo Tarlazzi. Il réintègrera ensuite l'équipe de Pierre Cardin pour qui il ira à Manille s'occuper de la griffe.
"Toutes ces expériences ont été bénéfiques et m'ont permis de savoir bien coudre et jouer avec les tissus, les couleurs, les bijoux. Pour moi, la mode c'était une discipline. J'essayais de trouver des lignes nouvelles. Pierre Cardin m'a appris qu'un vêtement pouvait être très fort en lui-même par sa simplicité, sa coupe, sa matière, sa couleur."