LE MELANGE DES GENRES
"Je suis fasciné par les mélanges, le vrai et le faux, les détournements, tout ce qui fait que l'on ne sait plus très bien où est la réalité. J'aime quand il y a plusieurs lectures possibles, quand les interprétations font que plus rien n'est sûr, que tout est relatif. Le mystère est respecté, la réalité poétisée mais toujours là".
De l'influence d'un Paris où tous se côtoient et tout se mélange, le populaire et l'aristocratique, le distingué et l'ordinaire, le beau et le laid, Jean-Paul Gaultier poursuit son chemin et mélange les genres, les époques, les sexes.
Sa première collection pour homme consacre l'homme objet (P/E 84) qui loin du machisme ose la séduction. Le pas est franchi, l'égalité des sexes donne lieu àdes vêtements communs et le dos nu est àce titre emblématique. L'androgynie est une autre étape sur le chemin de la mixité et voici la garde-robe pour deux (P/E 85) avant que les deux sexes ne s'expriment dans le pantalon-jupe ou dans la superposition de la jupe et du pantalon.
Mélange des genres encore dans cette promenade sur les pavés de Barbès, quartier métissé s'il en est de la Butte Montmartre àParis. Le boubou se réchauffe d'un veston ou d'une redingote, c'est est fini des idées reçues sur ce qui se fait ou ne se fait pas.
Enfin, le veston commence àsubir des transformations dont l'une des plus frappantes est la version qui a perdu son col, dégage les épaules et s'orne d'un fichu (La concierge est dans l'escalier, P/E 88). Puis les lignes se rapprochent du corps, c'est l'apogée du stretch, le veston galbé sur pantalon fuselé se joue au masculin (French Gigolo, A/H 86.87), et les femmes habillent leurs fous jupons d'un veston (Les Poupées, P/E 86).
Variations sur les couleurs, les brillances qui se portent de jour, les formes classiques sans cesse retravaillées, Jean-Paul Gaultier explore son vocabulaire àla manière du Capitaine Nemo!