Depuis plus d'un an, le matériel était disponible et fonctionnel... mais sous Linux !
Après de longs mois d'attente, l'AmigaOS est enfin arrivé sur AmigaOne. Le défi était ambitieux mais une première
version, orientée développeur, nommée "pre-release" est depuis peu distribuée à chaque possesseur d'AmigaOne.
Nous allons maintenant faire un tour d'horizon de cette pré-version de l'AmigaOS 4.0.
L'AmigaOne
Commençons tout de même par un bref rappel concernant le matériel. L'AmigaOne repose sur une architecture PowerPC
et dispose d'extensions et de connecteurs standards. Celui-ci permet donc, contrairement à la précédente génération
d'Amiga, de pouvoir utiliser, pour peu que l'on ait le pilote approprié, les composants du marché, que ce soit
des cartes graphiques (Voodoo, Radeon, etc), des cartes son (SoundBlaster, etc), des cartes réseaux mais
aussi des claviers, souris, disques durs, graveurs et autres périphériques.
L'AmigaOne que j'utilise a un processeur G4 à 800 MHz, disposant de 512 Mo de mémoire que j'ai équipé d'une
carte graphique Voodoo3 (AGP), d'une carte son Soundblaster Live, d'un disque dur UDMA de 40 Go, d'un graveur
Phillips (série 3200) et enfin d'un modem routeur ADSL SX-200 (Olitec). Pour rappel, l'AmigaOne dispose
d'un port Ethernet qui permet la connexion à un réseau. Un écran plat, un clavier et une souris complètent ma config.
Une version alpha
Dès la fin de l'année dernière, j'avais pu installer une version alpha de l'AmigaOS 4.0 qui correspondait à peu
près à ce qu'on pouvait voir à la dernière Alchimie : un système qui fonctionnait pour peu qu'on se limite à
des clics et à des ouvertures de fenêtre. Mais dès qu'on voulait tester un peu plus le système, cela se
terminait irrémédiablement par un plantage. Il faut dire que l'AmigaOS 4.0 ne fonctionnait sur AOne que depuis
quelques jours. De plus, dans mon cas, je devais utiliser un serveur TFTP à partir duquel je chargeais sur
ma machine les fichiers nécessaires au démarrage de l'AmigaOS. Bref, après quelques essais, j'arrêtais
d'utiliser cette version, trop instable pour être réellement fonctionnelle. J'étais rassuré de voir
qu'on arrivait à faire démarrer l'AmigaOne sous AmigaOS mais plutôt inquiet en voyant le manque de stabilité
de cette version...
Une installation sans douleur
L'AmigaOS 4.0 s'est fait longtemps attendre mais début avril, j'ai pu enfin installer la pré-version (pre-release)
du système, sorte de version beta destinée aux développeurs : oui, vous avez bien compris, la version finale n'est
toujours pas disponible. Mais vous lirez par la suite que le niveau de cette pre-release est plus que correct et
peut prévaloir à une utilisation quotidienne.
Un guide d'installation, très clair, dont une version française est disponible sur
cette page, accompagne l'AmigaOS 4.0. Cette documentation
est au format HTML et comporte une foultitude de photos d'écran qui permettent, pas à pas, d'effectuer l'installation
sans problème particulier.
Après avoir mis à jour le firmware (obligatoire), configuré U-boot, on insère le cédérom d'installation et tout
se déroule simplement : le Workbench apparaît rapidement, on personnalise ensuite quelques éléments clés comme
le langage, l'heure, le clavier et la souris. L'étape la plus délicate arrive ensuite : le partitionnement de son
disque dur mais là encore, la documentation est très claire et on se familiarise vite avec MediaToolBox, le nouvel
outil de partitionnement plus complet et plus fiable que son célébrissime prédécesseur, HDToolbox. Suivent enfin
la copie du système sur le disque dur et quelques paramétrages utiles comme le choix de la résolution ou de
l'environnement sonore. L'installation dure environ vingt minutes. Un reboot et le système redémarre en une trentaine
de secondes.
Prise en main
L'utilisateur n'est pas dérouté, on retrouve (avec plaisir) le Workbench que l'on connaît, même s'il a quand même
connu un lifting bénéfique. Par exemple, les menus du Workbench sont devenus par défaut contextuels et même
transparents si on le désire. On peut également ajouter des icônes dans les barres de titre des écrans. L'ensemble est,
à mon avis, visuellement très réussi. L'architecture disque du système n'a pas changé et on retrouve immédiatement
les préférences, les fichiers de démarrage (startup-sequences, user-startup, etc), les datatypes et tout ce qui
a fait l'Amiga jusqu'à aujourd'hui. Bref, l'utilisateur ne sera pas dépaysé et la prise en main sera elle instantanée.
La gestion graphique repose toujours sur une version 68K (donc émulée) des bibliothèques Picasso96 et Graphics.
Malgré cela, la qualité de rafraîchissement graphique est plus que correcte pour une utilisation quotidienne et
sera vraisemblablement améliorée par la suite. Pour l'instant, seules les cartes Voodoo 3/4 (AGP/PCI) et Radeon
sont supportées : SNAP, qui permettra d'utiliser plus de cartes, n'est pas intégré pour le moment (un port Linux PPC
a cependant été réalisé). Côté sonore, AHI est intégré et permet déjà d'utiliser de nombreuses cartes son dont
bien sûr les Soundblasters ou compatibles.
Parmi les outils intégrés au système, deux concernent directement la gestion des disques durs (FFS, FFS2 ou SFS) :
MediaToolBox, outil d'initialisation (définition des partitions, choix du file system, etc)
et Partition Wizard, outil de maintenance (vérification intégrité, réparation, etc). Amidock, sorte de "barre" de
lancement d'applications, est bel et bien présent avec son menu transparent. On retrouve également une gestion plus
poussée des fichiers PDF (jusqu'à 1.4) avec AmiPDF (visualiseur) et AmiGS (impression). Notepad, l'éditeur par
défaut, est le remplaçant amélioré d'EditPad. Côté multimédia, Action (Moovid) est présent, quoique dans une
ancienne version, et IBrowse 2.3, dans une version limitée à 30 minutes, permet de surfer sur le web grâce à la
version complète de Roadshow, la pile TCP/IP de l'OS 4.0 compatible Miami/AmiTCP/Genesis. Le shell a connu
lui aussi plusieurs améliorations appréciables : plus stable, nouvelles commandes (MD5sum, History, Recorder, etc),
complétion automatique, etc.
Un brin de personnalisation
Comme la pré-version est composée principalement du système et du SDK, on en a vite fait le tour et je décide de
personnaliser un peu plus mon Amiga. Outre les habituels réglages des couleurs et autres icônes, je décide de
récupérer mon "patrimoine Amiga", c'est-à-dire toutes les données résidant sur mon Amiga 1200. N'ayant ni réseau,
ni logiciel de gravure à ce moment, je prends le disque dur de mon 1200 pour l'intégrer directement dans mon AOne
afin de copier les données de disque à disque, ce qui se passe sans accroc.
Les préférences sont bien sûr toujours présentes : outre les habituelles ("Pointer", "Palette", "Serial", etc),
on en trouve de nouvelles comme "GUI", "Popup Menu" et "Screens" qui viennent compléter et améliorer grandement
les préférences déjà existantes comme "Asl" ou "Reaction" pour une meilleure configuration de l'interface utilisateur.
Tout est paramétrable ! Toutes les préférences sont maintenant dans le style "Reaction" qui est devenu le moteur GUI
de l'AmigaOS. Les classes de Réaction ont d'ailleurs été améliorées et enrichies et les autres styles (MUI, Gadtools, Triton, etc)
reposent maintenant sur celles-ci : les programmes utilisant ces autres styles fonctionnent sous OS 4.0 et héritent
même du look paramétré pour Reaction. On trouve également les préférences "Picasso96" et "Screenmode" pour paramétrer
l'environnement graphique et "AHI" et "Sound" pour personnaliser l'environnement sonore. Terminons par les préférences
"Internet" et "Amiga Input" qui permettent respectivement de personnaliser l'accès au web (Roadshow) et de gérer les
périphériques interactifs que sont les claviers, souris ou joysticks. "Amiga Input", évolutif, a d'ailleurs été conçu
pour être à la fois compatible avec le matériel déjà existant mais aussi avec les nouveaux à venir : l'esprit Amiga
n'est pas perdu, qu'on se le dise.
Compatibilité
Vu le faible nombre de logiciels tiers natifs disponibles pour le moment, la qualité de compatibilité avec les applications
existantes est primordiale. La pré-version dispose à priori, d'après les tests que j'ai pu faire
(cf liste sur boing.attitude.online.fr/amigaos/compatibility.html),
d'une bonne compatibilité avec les programmes 68K, enfin ceux qui respectent le système ou ceux fonctionnant déjà sur
carte graphique (non AGA) : la plupart des utilitaires (traitement de textes, dessin, musique, etc) fonctionnent correctement.
Il existe quand même quelques rares logiciels qui, soit fonctionnent mal (CygnusEd), soit ne fonctionnent pas du tout
(Perfect Paint). Notez bien que l'émulateur 68K est interprété (le JIT n'est pas encore intégré au système). Concernant
les logiciels AGA ou ECS, une version alpha de UAE est déjà disponible mais je n'ai pas pu la tester. Il semble également
que les programmes WarpOS ne fonctionnent pas sous cette pré-version.
(cliquez sur les images pour les agrandir)
AmigaInput.
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La fenêtre des préférences.
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Une utilisation quotidienne
Depuis que j'ai installé la pré-version de l'AmigaOS 4.0 sur mon AmigaOne, c'est devenu ma machine principale et je
l'utilise d'ailleurs quotidiennement. La première raison est sans doute que j'ai pu rendre fonctionnelle facilement
ma connexion ADSL grâce à Roadshow, la pile TCP/IP : lecture de mes mails (Simple mail, YAM), surf sur le Web (IBrowse, AWeb)
et gestion de mes comptes bancaires en ligne (AmiSSL) étaient le minimum requis pour que je puisse utiliser l'Amiga de
façon sereine. Je peux également maintenir mon site internet (boing.attitude.online.fr)
directement à partir de mon AmigaOne grâce à AmiTradeCenter pour tout ce qui est protocole FTP. Sinon, pour la
maintenance des pages HTML, un bon éditeur comme Notepad ou TurboText me suffit. La possibilité d'utiliser mon graveur
flambant neuf sous MakeCD ou Frying Pan est aussi un gros plus. Côté musique, Amplifier et surtout Song Player sont
devenus pour moi incontournables.
Côté jeux, ça reste pour l'instant limité même si j'ai pu jouer à Sam & Max grâce au moteur Scummvm, à quelques jeux SDL
comme Marble ou aux jeux qui fonctionnent sous le Workbench. Notons quand même que UAE sera sans doute disponible
à l'heure où vous lirez ces lignes et que pas mal d'autres émulateurs sont déjà disponibles comme MAME. En ce qui
concerne les vidéos, je n'ai pas réussi à mettre la main sur un player natif PPC fonctionnel : les films AVI ou MOV
passent cependant plutôt bien sur des logiciels comme Cyber Avi, Cyber Qt ou QT mais bizarrement moins bien sous
Action (Moovid) qui est fourni avec la pre-release. Concernant les vidéos MPEG, c'est quand même beaucoup moins
fluide et seuls Riva et Frogger s'en sortent à peu près bien dans leurs versions 68K émulées. Il est vraisemblable
que les performances seront beaucoup plus convaincantes une fois que ces logiciels seront portés sur AmigaOS 4.0.
Une pré-version pour développeur
N'oublions pas que le but premier de cette version est de fournir aux développeurs les moyens de porter ou créer des
applications avant la livraison "grand public" de l'AmigaOS. Le SDK s'installe très facilement et ceux qui ont galéré
sur OS 3.9 pour installer GCC seront heureusement surpris de constater que ça compile du premier coup. Deux versions
sont livrées : la 2.3.95 stable et sans reproche et la 3.4 bêta, plus expérimentale. Vbcc 0.8 est également livré
mais je n'ai pas pris le temps de le tester. La documentation, qui est trop souvent le "parent pauvre" des SDK,
comprend quelques exemples, des autodocs, des infos sur les compilateurs et débogueurs. Ça reste quand même très minimal...
Heureusement, on peut s'inspirer fortement des exemples/docs parues depuis la version 3.1 du système. Sinon, il faudra
glaner les informations sur le net dans les archives de news-groups ou directement auprès d'autres développeurs
(www.guru-meditation.net).
Personnellement, j'ai commencé par porter deux de mes programmes qui fonctionnaient sous 3.9 : le premier portage
(un extracteur de fichier Tar, Untar Me up) s'est déroulé sans accroc (moins d'une demi journée). Le second,
Start Me Up, un gestionnaire de fichiers de démarrage, a été plus délicat (2 à 3 jours) car l'application, plus
complexe, fait appel aux bibliothèques du système dont l'architecture et la gestion a évolué (on utilise maintenant
des interfaces pour pouvoir accéder aux fonctions d'une bibliothèque). Depuis, j'ai commencé le portage de Word
Me Up qui s'effectue pour l'instant sans trop de difficultés...
Les manques
Notons quand même que certaines fonctionnalités annoncées ne sont pas intégrées à cette pré-version et à priori,
il y aura plusieurs mises à jour avant la version finale... Citons notamment l'USB, l'émulation JIT, SNAP
(environnement graphique), Mesa 5.0, Nova, AmiSSL V2, Installer NG et Moovid PPC. N'oublions pas que c'est
une pré-version, il est donc normal que certaines fonctionnalités manquent encore à ce jour.
Sur la bonne voie
Après de longues, longues années d'attente, on ne peut qu'être satisfait d'avoir enfin un AmigaOS fonctionnant correctement
sur un micro-ordinateur avec des composants plus standards. Le système est vraiment stable, plutôt rapide et surtout
toujours fidèle à "l'esprit Amiga" : cette pré-version devrait ravir les programmeurs de tout poil et les premiers
portages/créations d'applications commencent déjà à voir le jour. Nul doute que ce n'est que le début de la déferlante Amiga...
Mes premières impressions sur cette version sont plus que positives. Le paramétrage complet de l'interface, le nouveau
Reaction, Amiga Input et la vélocité du système sont quelques uns des points qui me satisfont pleinement.
L'Amiga est de retour! C'est fois-ci, c'est vrai :o).
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