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Text File  |  1996-08-11  |  33KB  |  115 lines

  1. LES NOIRS DANS LES PROVINCES MARITIMES 
  2.  
  3. William Spray 
  4.  
  5.      Les provinces Maritimes n'├⌐voquent pas ordinairement une r├⌐gion o├╣ l'esclavage ├⌐tait tol├⌐r├⌐, ni une r├⌐gion habit├⌐e par un grand nombre de Noirs. Pourtant, la v├⌐rit├⌐ est tout autre: l'esclavage y existait effectivement, tout comme aux ├ëtats-Unis et dans les autres parties de l'Am├⌐rique du Nord britannique. En outre, des Noirs habitent les Maritimes depuis le d├⌐but de la colonisation europ├⌐enne. Ils vinrent comme esclaves, Noirs libres, ou domestiques li├⌐s par contrat, et ils furent au nombre des premiers colons de la r├⌐gion. Ils ont donc ├⌐t├⌐ associ├⌐s ├á la colonisation d├¿s ses d├⌐buts, mais ils n'ont pas ├⌐t├⌐ trait├⌐s comme des associ├⌐s ├⌐gaux, et leur histoire est celle d'une longue lutte, qui se poursuit aujourd'hui, contre les pr├⌐jug├⌐s raciaux et la discrimination raciale.
  6.  
  7.      De nos jours, on trouve des Noirs dans les quatre provinces Maritimes, bien que leur nombre soit tr├¿s restreint ├á Terre-Neuve et ├á l'├Äle-du-Prince-├ëdouard. Il est difficile d'obtenir des statistiques pr├⌐cises sur le nombre des Noirs au Canada, ou dans une province donn├⌐e. Toutefois, on estime que leur nombre en Nouvelle-├ëcosse se situe entre 25 000 et 30 000, ce qui repr├⌐sente environ trois pour cent de la population. Pr├¿s de la moiti├⌐ d'entre eux vivent dans un rayon de 40 kilom├¿tres de Halifax. Au Nouveau-Brunswick, les Noirs constituent moins d'un pour cent de la population, et la majorit├⌐ sont dans la ville de Saint John. Dans l'├Äle-du-Prince-├ëdouard et ├á Terre-Neuve, les Noirs sont peu nombreux et il n'y a aucune communaut├⌐ noire comme telle.
  8.  
  9. Les Noirs sous le R├⌐gime fran├ºais 
  10.  
  11.      De toute ├⌐vidence, des Noirs vivent dans les provinces Maritimes depuis aussi longtemps que les Blancs. Le premier ├⌐tablissement permanent dans la r├⌐gion remonte ├á la tentative du Sieur de Monts et de Samuel de Champlain de fonder une colonie dans l'├«le de Sainte-Croix en 1604. Cette tentative fut un ├⌐chec d├⌐sastreux et l'ann├⌐e suivante ils se transport├¿rent de l'autre c├┤t├⌐ de la baie de Fundy ou ils fond├¿rent Port Royal, qui devint la capitale de l'Acadie. ├Ç cette ├⌐poque, l'esclavage ├⌐tait l├⌐gal dans les colonies fran├ºaises et des esclaves vivaient probablement dans la plupart des lieux de peuplement. Il est fort possible que des Noirs aient ├⌐t├⌐ parmi les premiers colons de l'Acadie. Un serviteur noir est mort ├á Port Royal en 1606, et le gouverneur de la colonie avait un serviteur noir en 1608. Les colons fran├ºais et anglais parlaient ordinairement de serviteurs pour d├⌐signer leurs esclaves, et la plupart des serviteurs noirs ├⌐taient en fait des esclaves.
  12.  
  13.      Il n'est fait aucune mention de la pr├⌐sence d'esclaves ou de Noirs dans l'├Äle-du-Prince-├ëdouard durant le R├⌐gime fran├ºais, et il est fait ├⌐tat pour la premi├¿re fois de Noirs ├á Terre-Neuve dans les ann├⌐es 1670, alors qu'un colon anglais au moins avait un serviteur noir. Au Nouveau-Brunswick, on retrouve pour la premi├¿re fois la pr├⌐sence d'un Noir dans les ann├⌐es 1690. Il s'agissait d'un esclave qui avait ├⌐t├⌐ captur├⌐ par les troupes fran├ºaises au cours d'une incursion en Nouvelle-Angleterre. Il fut ramen├⌐ dans la vall├⌐e de la rivi├¿re Saint-Jean et affranchi en 1696 ├á la suite de l'attaque des ├⌐tablissements fran├ºais par une exp├⌐dition venue de Nouvelle-Angleterre dans le territoire du Nouveau-Brunswick actuel.
  14.  
  15. Noirs de l'├⌐poque pr├⌐loyaliste et Noirs loyalistes 
  16.  
  17.      Apr├¿s la cession de l'Acadie aux Anglais en 1713, des colons venus d'Angleterre et des colonies am├⌐ricaines ont commenc├⌐ ├á s'installer dans les territoires occup├⌐s aujourd'hui par la Nouvelle-├ëcosse. Il ne fait pas de doute que certains de ces colons ont amen├⌐ des esclaves avec eux. Les esclaves noirs ont aid├⌐ ├á la construction de Halifax apr├¿s sa fondation en 1749. Il s'agissait d'hommes de m├⌐tier exp├⌐riment├⌐s et quand leurs services n'├⌐taient plus n├⌐cessaires, ils ├⌐taient ramen├⌐s dans les colonies am├⌐ricaines et vendus, comme l'indique l'avis qui suit publi├⌐ dans un journal de Boston en 1751: ┬½Tout juste arriv├⌐s de Halifax pour ├¬tre vendus, 10 hommes noirs forts et robustes, pour la plupart des hommes de m├⌐tier, comme des calfats, des charpentiers, des voiliers et des cordiers.┬╗ Les journaux en Nouvelle-├ëcosse ont commenc├⌐ eux aussi ├á publier des annonces pour la vente d'esclaves ├á la m├¬me ├⌐poque.
  18.  
  19.      Apr├¿s la chute de la Nouvelle-France, de plus en plus de colons se sont install├⌐s en Nouvelle-├ëcosse, amenant avec eux encore plus d'esclaves, et vers les ann├⌐es 1780 il y avait probablement entre 500 et 600 esclaves noirs dans la r├⌐gion, sans compter les esclaves des Bermudes qui travaillaient sur les bateaux de p├¬che autour de Terre-Neuve. Mais l'afflux le plus important restait ├á venir.
  20.  
  21.      Quand la guerre d'Ind├⌐pendance am├⌐ricaine prit fin en 1783, les Britanniques ont eu ├á d├⌐cider de ce qu'ils allaient faire avec les loyalistes, colons rest├⌐s fid├¿les ├á la Grande-Bretagne qui devaient maintenant partir pour ├⌐chapper ├á la vengeance des rebelles victorieux, ou parce qu'ils pr├⌐f├⌐raient vivre sous le drapeau britannique. Entre 30 000 et 35 000 loyalistes sont venus dans les provinces Maritimes, la majorit├⌐ en Nouvelle-├ëcosse. Un grand nombre se sont ├⌐tablis dans la vall├⌐e de la rivi├¿re Saint-Jean et en 1784 la colonie s├⌐par├⌐e du Nouveau-Brunswick ├⌐tait cr├⌐├⌐e. Un petit nombre ├⌐migr├¿rent dans l'├Äle-du-Prince-├ëdouard et ├á Terre-Neuve. Plusieurs milliers de Noirs, suffisamment pour constituer au moins dix pour cent de la population de la Nouvelle-├ëcosse, vinrent avec les loyalistes blancs. Environ 3 000 d'entre eux ├⌐taient des Noirs libres ou des loyalistes noirs; les autres ├⌐taient des esclaves ou des serviteurs li├⌐s par contrat, anciens esclaves qui avaient accept├⌐ de travailler pour des Blancs durant une certaine p├⌐riode en ├⌐change de nourriture, de v├¬tements et parfois de gages. Les domestiques li├⌐s par contrat ├⌐taient souvent aussi mal trait├⌐s que des esclaves.
  22.  
  23.      Les Noirs libres, ou loyalistes noirs, ├⌐taient d'anciens esclaves qui s'├⌐taient ├⌐chapp├⌐s de chez leurs ma├«tres durant la guerre. Environ un tiers d'entre eux ├⌐taient dans les r├⌐giments britanniques ou loyalistes, ou dans les Black Pioneers, r├⌐giment form├⌐ de soldats noirs encadr├⌐s par quelques officiers blancs. Ils avaient autant le droit d'├¬tre appel├⌐s loyalistes que beaucoup de Blancs qui ne se sont joints aux Britanniques lors de leur ├⌐vacuation par New York que pour obtenir des terres et des provisions gratuitement.
  24.  
  25.      Les loyalistes noirs escomptaient ├¬tre trait├⌐s de la m├¬me fa├ºon que les loyalistes blancs, mais ils furent profond├⌐ment d├⌐├ºus. Tous les loyalistes ├⌐taient cens├⌐s recevoir des provisions pour trois ans, ainsi qu'une terre gratuitement. Toutefois, peu de Noirs libres re├ºurent des concessions de terrain, et quand ils en eurent elles ├⌐taient ordinairement plus petites que celles donn├⌐es aux Blancs. Les Noirs recevaient 50 acres (20 ha), alors que les Blancs obtenaient de 100 ├á 1 000 acres (40 ├á 404 ha). En outre, les Noirs recevaient habituellement une terre pauvre que personne ne voulait, ou une terre si ├⌐loign├⌐e des points de peuplement qu'il ├⌐tait presque impossible d'y ├⌐tablir des fermes. Dans les quelques cas o├╣ ils re├ºurent une terre que les Blancs voulaient, les Noirs ont ├⌐t├⌐ contraints d'aller ailleurs.
  26.  
  27.      Les loyalistes noirs ont ├⌐galement re├ºu tr├¿s peu au chapitre des provisions et des fournitures. Au lieu de provisions pour trois ans, la plupart n'en recevaient que pour cinq ou six mois, et malgr├⌐ cela ils devaient travailler avant de recevoir quelque chose. Les loyalistes blancs se plaignaient ├⌐galement des promesses non tenues; ils n'ont pas tous eu des terres facilement, ni les provisions promises. N├⌐anmoins, les Noirs en g├⌐n├⌐ral ├⌐taient beaucoup plus mal nantis, et leurs besoins n'ont pas retenu autant l'attention que ceux des loyalistes blancs.
  28.  
  29.      Certains Noirs ont eu la possibilit├⌐ de travailler comme cultivateurs ├á bail sur des terres occup├⌐es par des Blancs. D'autres pouvaient travailler uniquement comme domestiques ou manoeuvres. Cela ├⌐tait particuli├¿rement vrai dans des endroits comme Saint John, qui a ├⌐t├⌐ constitu├⌐ en ville en 1785. La charte de la ville interdisait aux Noirs de devenir des hommes libres de la ville, ce qui signifiait qu'ils ne pouvaient pas exploiter un commerce, exercer un m├⌐tier, ou p├¬cher dans les eaux du port de Saint John sans un permis sp├⌐cial d├⌐livr├⌐ par le maire et le conseil. Par cons├⌐quent, ils pouvaient travailler dans la ville uniquement comme domestiques ou manoeuvres, situation qui convenait aux Blancs, car il y avait une p├⌐nurie de main-d'oeuvre ├á l'├⌐poque. Ce genre de discrimination s'est poursuivie ├á Saint John jusqu'en 1849.
  30.  
  31.      Les Noirs libres du Nouveau-Brunswick ├⌐taient expos├⌐s ├á d'autres formes de discrimination. Lors des premi├¿res ├⌐lections qui eurent lieu dans la province, tous les citoyens libres et les colons de la province ├⌐taient cens├⌐s ├¬tre habilit├⌐s ├á voter. Toutefois, par ordonnances sp├⌐ciales du conseil ex├⌐cutif, les sh├⌐rifs des divers comt├⌐s ont re├ºu instruction ┬½de ne pas accepter les votes des Noirs┬╗. Cette pratique persista pendant de nombreuses ann├⌐es, jusqu'au moment o├╣, quand les Noirs obtinrent finalement le droit de vote, il ├⌐tait devenu obligatoire d'├¬tre propri├⌐taire pour pouvoir voter. Cela signifiait que les habitants de la province devaient poss├⌐der une propri├⌐t├⌐ d'une certaine valeur pour avoir le droit de voter. Cette disposition a emp├¬ch├⌐ beaucoup de Blancs pauvres, ainsi que la majorit├⌐ des Noirs de la province, de voter.
  32.  
  33.      En Nouvelle-├ëcosse, les Noirs ├⌐taient non seulement priv├⌐s du droit de vote, mais aussi du droit d'avoir un jugement par jury. Dans des endroits comme Shelburne, ils n'avaient pas non plus la permission de tenir des s├⌐ances de ┬½danses noires┬╗ ou de ┬½spectacles noirs┬╗; s'ils enfreignaient cette interdiction, ils ├⌐taient arr├¬t├⌐s et accus├⌐s de ┬½comportement s├⌐ditieux┬╗. Par la suite, quand les Noirs se sont plaints de la fa├ºon dont ils ├⌐taient trait├⌐s, le gouverneur Thomas Carleton du Nouveau--Brunswick r├⌐pondit qu'├⌐tant donn├⌐ que les Noirs libres s'├⌐taient joints aux Britanniques uniquement pour ├⌐chapper ├á leurs ma├«tres, ils n'avaient droit ├á rien du gouvernement ├á part la libert├⌐, et que c'├⌐tait, quant ├á lui, une justification suffisante pour ne pas leur accorder le droit de vote.
  34.  
  35.      Il existe de nombreuses preuves que beaucoup de Noirs libres ont ├⌐t├⌐ maltrait├⌐s. Pr├¿s de Shelburne, par exemple, des Noirs s'├⌐taient ├⌐tablis ├á Birchtown, o├╣ des terres avaient ├⌐t├⌐ d├⌐limit├⌐es pour eux. Beaucoup d'entre eux travaillaient pour des Blancs ├á Shelburne ├á des salaires inf├⌐rieurs ├á ceux des journaliers blancs. Ces derniers ont donc d├⌐cid├⌐ de chasser les Noirs hors de la ville. Benjamin Marston, arpenteur blanc, d├⌐crit dans son journal ce qui s'est pass├⌐ en juillet 1784:
  36.  
  37.      Il y a eu une grande ├⌐meute aujourd'hui. Les soldats licenci├⌐s se sont soulev├⌐s contre les Noirs libres afin de les chasser de la ville, parce qu'ils travaillaient ├á des salaires inf├⌐rieurs ├á ceux des soldats. L'├⌐meute continue. Les militaires ont contraint les Noirs libres ├á quitter la ville, et ils ont d├⌐moli une vingtaine de leurs maisons.
  38.  
  39.      Plusieurs chefs sont apparus parmi les loyalistes noirs, notamment des pasteurs comme David George, Moses Wilkinson et Cato Perkins. Thomas Peters ├⌐tait un autre dirigeant noir ├⌐minent, ancien sergent des Black Pioneers. M├⌐content de la fa├ºon dont les Noirs libres ├⌐taient trait├⌐s en Nouvelle-├ëcosse, Peters a essay├⌐, sans succ├¿s, de leur obtenir des terres au Nouveau-Brunswick. Puis il d├⌐cida de se rendre en Angleterre pour exposer leurs dol├⌐ances aux autorit├⌐s britanniques. Pendant qu'il ├⌐tait en Angleterre, il eut connaissance d'un projet de philanthropes britanniques de former une colonie pour les Noirs libres au Sierra Leone, sur la c├┤te occidentale de l'Afrique. Peters d├⌐cida d'aller s'installer dans la nouvelle colonie, et il ├⌐tait s├╗r que des incidents comme l'├⌐meute de Shelburne, ainsi que la difficult├⌐ que rencontraient les Noirs pour obtenir des terres, en convaincraient beaucoup d'autres de s'├⌐tablir eux aussi en Afrique.
  40.  
  41.      Peters fit le tour de la Nouvelle-├ëcosse et du Nouveau-Brunswick pour diffuser la nouvelle au sujet de Sierra Leone. Il se heurta alors ├á l'opposition de certains Blancs qui ne souhaitaient pas perdre leur source de main-d'oeuvre ├á bon march├⌐, mais en d├⌐pit de cette opposition les autorit├⌐s britanniques d├⌐cid├¿rent d'aider ├á partir les Noirs qui le d├⌐siraient. Quinze navires furent envoy├⌐s ├á Halifax pour les transporter en Afrique. Certains Noirs se rendirent ├á pied de Halifax ├á Saint John ou ils se joignirent aux autres qui ├⌐taient arriv├⌐s des divers lieux de peuplement de Nouvelle-├ëcosse. Quand les bateaux prirent la mer en janvier 1792, 1 196 Noirs libres ├⌐taient ├á bord. Ce groupe comprenait la plupart des chefs des colonies noires, notamment Thomas Peters et le pasteur David George, ainsi que la plupart des artisans noirs. Ce sont donc les plus d├⌐munis qui demeur├¿rent au Nouveau Brunswick et en Nouvelle-├ëcosse, o├╣ ils continu├¿rent ├á travailler pour les Blancs comme domestiques et journaliers. Un certain nombre de petites communaut├⌐s noires continu├¿rent de subsister en Nouvelle-├ëcosse, tandis qu'au Nouveau-Brunswick la plupart des Noirs libres abandonn├¿rent leurs efforts dans le domaine de l'agriculture et all├¿rent s'installer ├á Saint John.
  42.  
  43. L'esclavage dans les colonies de l'Atlantique 
  44.  
  45.      Les Noirs libres ├⌐taient capables d'├⌐chapper ├á la pauvret├⌐ et ├á la discrimination au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-├ëcosse, mais il y avait toujours des esclaves. En regard du droit, l'esclavage continua d'exister dans les colonies de l'Atlantique jusqu'├á ce qu'il soit finalement aboli dans l'Empire britannique en 1833. Les Noirs avaient n├⌐anmoins ├⌐t├⌐ affranchis longtemps avant cette date. L'esclavage ne s'implanta jamais v├⌐ritablement dans la r├⌐gion, car il n'y avait pas de vastes plantations ou de fermes n├⌐cessitant une main-d'oeuvre esclave. Les esclaves co├╗taient cher, et la majorit├⌐ appartenaient ├á d'anciens officiers loyalistes et ├á des responsables gouvernementaux importants.
  46.  
  47.      Il s'agissait ordinairement de serviteurs ou de gar├ºons d'├⌐curie, de cochers et de palefreniers. Les annonces pour la vente d'esclaves continuaient de para├«tre dans les journaux apr├¿s 1800, mais beaucoup moins fr├⌐quemment. Les journaux publiaient aussi ├á l'occasion des annonces comme la suivante, offrant des r├⌐compenses pour retrouver des esclaves:
  48.  
  49.                            FUGITIFS 
  50.  
  51.      Dans un CANOT DE BOULEAU, du soussign├⌐ deux hommes et une jeune fille noirs, qui ont emport├⌐ diverses choses avec eux. SAM, entre Noir et Mul├ótre ├óg├⌐ de 17 ou 18 ans, de taille moyenne et mince, ├á la parole vive, essaie de jouer du VIOLON, et v├¬tu d'un manteau de couleur brune de Londres, de culottes de toile et d'autres v├¬tements.
  52.  
  53.      BELLER, soeur de SAM, entre Noire et Mul├ótresse, 16 ans, de taille moyenne et mince, maigre, porte une cicatrice entre un oeil et la tempe, parle avec lenteur, porte un chapeau recouvert de noir avec doublure blanche, et vivait nagu├¿re chez le juge Peters ├á Saint John. TONY SMITH, certains l'appellent JOE, Noir libre, mais embauch├⌐ pour un certain temps, il est grand et mince, parle mal, porte un manteau bleu ou brun, des culottes de toile, et transporte d'autres v├¬tements. Deux des domestiques susmentionn├⌐s ont ├⌐t├⌐ ├⌐lev├⌐s dans la famille. Toute personne qui les arr├¬te ou donne des renseignements ├á M. Ezra Scoflield, Kint Street, Saint John, ou au soussign├⌐, recevra une GUIN├ëE pour chacun d'eux, et s'ils sont pris ├á l'ext├⌐rieur de Saint John, des frais raisonnables seront pay├⌐s. S'ils sont repris hors de la province, il est demand├⌐ qu'ils puissent ├¬tre mis en prison jusqu'├á ce qu'on vienne les chercher. Tous les capitaines de navire et toute autre personne sont avertis de ne pas transporter l'un de ces Noirs, ou de leur donner refuge ou de les cacher, au risque d'avoir ├á en r├⌐pondre.
  54.  
  55.                  THOMAS LESTER 
  56.                  Waterborough, le 19 juin 1787 
  57.  
  58.      Le dernier avis concernant un esclave fugitif a ├⌐t├⌐ publi├⌐ vers 1818. ├Ç cette ├⌐poque, l'esclavage n'├⌐tait plus tr├¿s bien vu dans les colonies de l'Atlantique. Un certain nombre de proc├¿s avaient eu lieu ├á ce sujet et bien que cette pratique f├╗t encore l├⌐gale, les magistrats avaient tendance ├á consid├⌐rer avec sympathie le sort de l'esclave. Dans les cas de diff├⌐rends au sujet de leurs droits de propri├⌐t├⌐, les propri├⌐taires d'esclaves devaient avoir une preuve irr├⌐futable de propri├⌐t├⌐ pour esp├⌐rer gagner. Apr├¿s un proc├¿s qui s'est d├⌐roul├⌐ au Nouveau-Brunswick en 1800, un juge qui poss├⌐dait lui-m├¬me des esclaves fut gagn├⌐ ├á la cause de ceux qui s'opposaient ├á l'esclavage et lib├⌐ra ses propres esclaves. En 1822, le gouvernement du Nouveau-Brunswick indiquait qu'il n'y avait pas d'esclaves dans la province. Cela ├⌐tait probablement vrai pour les autres colonies de l'Atlantique ├⌐galement. Quand l'esclavage fut aboli dans l'Empire britannique en 1833, les esclaves ont pu demander leur libert├⌐ et aucun esclave ne le fit dans les colonies de l'Atlantique, ce qui permet de supposer que tous les esclaves avaient d├⌐j├á ├⌐t├⌐ lib├⌐r├⌐s.
  59.  
  60. Les Noirs marrons 
  61.  
  62.      Apr├¿s les loyalistes noirs, le groupe suivant de Noirs ├á venir s'installer dans la r├⌐gion des Maritimes fut celui des Noirs marrons, qui se sont ├⌐tablis en Nouvelle-├ëcosse en 1796. Les Noirs marrons ├⌐taient des esclaves fugitifs qui avaient ├⌐tabli des colonies libres ├á la Jama├»que. Ils y combattirent les Britanniques, et furent amen├⌐s par un subterfuge ├á se rendre en 1795. Environ 500 d'entre eux furent envoy├⌐s en Nouvelle-├ëcosse, o├╣ on les installa dans les faubourgs de Halifax. Fiers et intraitables, ces Noirs refus├¿rent d'accepter les conditions d├⌐gradantes qu'ils trouv├¿rent en Nouvelle-├ëcosse. On leur offrit du travail ├á la construction de la citadelle de Halifax, mais ils ├⌐taient toujours m├⌐contents et exig├¿rent d'├¬tre envoy├⌐s en Afrique. En 1800, cette demande fut accord├⌐e et les Noirs marrons furent envoy├⌐s au Sierra Leone afin de se joindre aux Noirs libres qui s'y ├⌐taient install├⌐s huit ans auparavant.
  63.  
  64. Les r├⌐fugi├⌐s noirs 
  65.  
  66.      Un afflux important de Noirs dans la r├⌐gion survint ensuite en 1815. Il s'agissait des r├⌐fugi├⌐s noirs, anciens esclaves du Maryland et de la Virginie, qui s'├⌐tablirent pour la plupart en Nouvelle-├ëcosse. Durant la guerre de 1812, les Britanniques avaient fait le blocus de presque toute la c├┤te Atlantique des ├ëtats-Unis et avaient occup├⌐ la baie de Chesapeake pendant un certains temps. Durant cette occupation, les esclaves avaient ├⌐t├⌐ encourag├⌐s ├á fausser compagnie ├á leurs ma├«tres et ils trouv├¿rent refuge ├á bord des navires de guerre britanniques. Quand la guerre se termina, les Britanniques d├⌐cid├¿rent de les envoyer en Nouvelle-├ëcosse, ├⌐tant donn├⌐ que beaucoup de Noirs y vivaient d├⌐j├á. Les responsables gouvernementaux ├á Halifax avaient des sentiments m├¬l├⌐s au sujet de savoir s'il fallait permettre aux 2 000 r├⌐fugi├⌐s Noirs de venir s'y installer.
  67.  
  68.      Nombre de N├⌐o-├ëcossais estimaient qu'il y avait d├⌐j├á beaucoup trop de Noirs dans la colonie. Le lieutenant-gouverneur demanda donc au gouvernement du Nouveau-Brunswick d'accepter environ 500 r├⌐fugi├⌐s, ce que fit ce dernier, et environ 380 d├⌐barqu├¿rent en fin de compte ├á Saint John.
  69.  
  70.      Certains propos├¿rent de faire travailler les r├⌐fugi├⌐s noirs comme apprentis ou ouvriers de ferme. Toutefois, il fut d├⌐cid├⌐ finalement que des terres seraient mises de c├┤t├⌐ pour eux afin qu'ils forment des points de peuplement qui leur soient propres. Des petits villages furent am├⌐nag├⌐s en Nouvelle-├ëcosse pr├¿s de Halifax, et au Nouveau-Brunswick ├á Willow Grove pr├¿s de Saint John. Les petits terrains ├⌐taient d'environ 20 hectares au Nouveau-Brunswick et de 3,2 ├á 4 hectares dans la plupart des points de peuplement de la Nouvelle-├ëcosse. La majeure partie de ces terres ├⌐taient presque sans valeur pour l'agriculture. Les r├⌐fugi├⌐s noirs recevaient ordinairement des permis d'occupation, mais aucune aide pour former des peuplements. Cela signifiait qu'ils pouvaient occuper la terre, mais comme ils n'en ├⌐taient pas propri├⌐taires, ils ne pouvaient pas la vendre ni la l├⌐guer ├á leurs descendants. Les r├⌐fugi├⌐s sont donc rest├⌐s libres, mais mis├⌐rables. En 1818, le juge Chipman du Nouveau-Brunswick d├⌐clara que le gouvernement avait agi cruellement en les envoyant sous ces cieux inhospitaliers, et en ne leur donnant aucune aide pour y fonder un point de peuplement. Pendant des ann├⌐es par la suite, les responsables des indigents et les autres repr├⌐sentants du comt├⌐ ont d├╗ fournir des vivres aux r├⌐fugi├⌐s pour les emp├¬cher de mourir de faim ou de maladie. Certains Noirs abandonn├¿rent leurs terres et vinrent s'installer en ville.
  71.  
  72.      En 1825, apr├¿s avoir essay├⌐ pendant dix ans d'obtenir des titres de propri├⌐t├⌐, ceux qui restaient obtinrent des baux de 99 ans, mais ils voulaient des titres francs d'hypoth├¿ques, les m├¬mes qu'avaient les Blancs. Au Nouveau-Brunswick, cette lutte pour obtenir des concessions de terrains dura plus de vingt ans. Quand des terres furent conc├⌐d├⌐es, un grand nombre de r├⌐fugi├⌐s noirs vivaient ├á Saint John et avaient pratiquement abandonn├⌐ leurs terres. La colonie de Willow Grove continua d'exister, mais au fil des ans, de plus en plus de jeunes Noirs partirent pour la ville. Au d├⌐but du XXe si├¿cle, le point de peuplement fut abandonn├⌐ et la terre passa aux mains des Blancs qui poss├⌐daient des terrains dans la m├¬me r├⌐gion. Dans certains endroits de la Nouvelle-├ëcosse, cela prit encore plus de temps avant que les Noirs obtiennent un titre de propri├⌐t├⌐, et certains ne re├ºurent jamais de titres francs d'hypoth├¿ques.
  73.  
  74. Les immigrants noirs dans les provinces Maritimes 
  75.  
  76.      Il n'y a pas eu d'autres afflux importants de Noirs dans la r├⌐gion des Maritimes apr├¿s 1815. Quelques esclaves fugitifs r├⌐ussirent ├á atteindre le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-├ëcosse au cours de la p├⌐riode de 1830 ├á 1860. Ils furent aid├⌐s par les abolitionnistes aux ├ëtats-Unis, et la plupart ont atteint Saint John ou Halifax par bateau. Leur nombre ├⌐taient restreint, mais plusieurs d'entre eux devinrent des dirigeants de la communaut├⌐ noire ├á Saint John.
  77.  
  78.      Vers la fin du XIXe si├¿cle, un certain nombre de Noirs antillais furent amen├⌐s au Cap-Breton pour travailler dans les mines de charbon ├á Sydney. Quelques-uns de leurs descendants y habitent toujours. Par la suite, au cours de la Premi├¿re Guerre mondiale, plusieurs centaines d'autres ont ├⌐t├⌐ recrut├⌐s pour les mines du Cap-Breton, et quelques-uns all├¿rent ├á Saint John et d'autres ├á Halifax o├╣ ils travaill├¿rent au chantier naval. En 1920, l'immigration des Noirs au Canada avait pratiquement cess├⌐, ├⌐tant donn├⌐ que la politique du gouvernement ├⌐tait de n'admettre que des colons blancs. Ce n'est qu'apr├¿s la Seconde Guerre mondiale que cette politique fut d├⌐nonc├⌐e par les Noirs du Canada, et ce n'est qu'en 1961 que le gouvernement modifia sa politique pour donner ├á plus d'Antillais la possibilit├⌐ de s'├⌐tablir au Canada.
  79.  
  80.      Ces derni├¿res ann├⌐es, la plupart des Antillais se sont install├⌐s en Ontario et au Qu├⌐bec, mais quelques-uns sont all├⌐s en Nouvelle-├ëcosse et au Nouveau-Brunswick. Toutefois, la majorit├⌐ des Noirs des provinces Maritimes continuent d'├¬tre des descendants des esclaves, des loyalistes noirs et des r├⌐fugi├⌐s noirs. Ces premiers Noirs ├⌐prouvent en g├⌐n├⌐ral un certain ressentiment ├á l'├⌐gard des nouveaux venus des Antilles, en partie parce que ces derniers sont plus instruits et moins dispos├⌐s ├á accepter les emplois non sp├⌐cialis├⌐s et de service normalement occup├⌐s par les Noirs. Un grand nombre de Noirs nouvellement arriv├⌐s s'estiment sup├⌐rieurs aux Noirs n├⌐s au Canada. Au fil des ann├⌐es, des efforts ont ├⌐t├⌐ faits pour unir les Noirs ├á travers le Canada, mais ces efforts n'ont pas ├⌐t├⌐ fructueux.
  81.  
  82. Les Noirs et la religion 
  83.  
  84.      Les Noirs des provinces Maritimes ont toujours ├⌐t├⌐ tr├¿s religieux. Depuis l'├⌐poque o├╣ les premiers Noirs libres ont commenc├⌐ ├á s'installer en Nouvelle-├ëcosse et au Nouveau-Brunswick, ils ont form├⌐ leurs propres congr├⌐gations religieuses et ont eu leurs propres pasteurs.
  85.  
  86.      La majorit├⌐ adh├⌐ra finalement ├á l'├ëglise baptiste; d'autres qui essay├¿rent de fr├⌐quenter les ├⌐glises blanches ├⌐tablies y ont souvent trouv├⌐ un accueil peu enthousiaste. Beaucoup d'├⌐glises au d├⌐but du XIXe si├¿cle louaient des bancs ├á leurs paroissiens, et les pauvres, Blancs ou Noirs, ├⌐taient oblig├⌐s de s'asseoir ├á l'arri├¿re de l'├⌐glise. ├Ç l'occasion, des ├⌐glises allaient encore plus loin dans la discrimination et r├⌐servaient des bancs pour les Noirs ├á l'arri├¿re de l'├⌐glise ou au balcon, les isolant ainsi m├¬me des Blancs pauvres.
  87.  
  88.      Les Noirs se sentaient rarement les bienvenus m├¬me dans les ├⌐glises o├╣ il leur ├⌐tait permis de s'asseoir avec les Blancs et ils pr├⌐f├⌐raient donc leurs propres ├⌐glises. En Nouvelle-├ëcosse, un ministre baptiste noir, Richard Preston, groupa les ├⌐glises baptistes noires en une association baptiste, l'African Baptist Association of Nova Scotia, form├⌐e en 1854. On d├⌐nombrait plus de vingt ├⌐glises baptistes noires en 1897 en Nouvelle-├ëcosse, et la plupart sont encore ouvertes. Des ├⌐glises noires s├⌐par├⌐es existaient ├⌐galement au Nouveau-Brunswick ├á Elm Hill et ├á Saint John jusqu'au d├⌐but du si├¿cle. Ces ├⌐glises ├⌐taient tr├¿s importantes pour les Noirs, du fait qu'elles servaient ├á la fois une fonction sociale et religieuse, et plusieurs ministres du culte sont devenus des dirigeants des diverses communaut├⌐s noires.
  89.  
  90. Les Noirs et l'├⌐ducation 
  91.  
  92.      Dans le domaine de l'├⌐ducation, les Noirs ont ├⌐t├⌐ ├⌐galement l'objet de discrimination. Ils furent contraints parfois d'├⌐tablir leurs propres ├⌐coles pour que leurs enfants puissent apprendre ├á lire et ├á ├⌐crire. Dans certains cas, lorsqu'il y avait peu de Noirs, ils pouvaient envoyer leurs enfants dans les ├⌐coles des Blancs, mais en de nombreux endroits les Blancs refusaient d'envoyer leurs enfants ├á l'├⌐cole si les enfants noirs y ├⌐taient admis. Les Noirs ont donc pr├⌐sent├⌐ au gouvernement, parfois avec l'aide de l'├ëglise anglicane, une demande d'aide pour ├⌐tablir leurs propres ├⌐coles. C'est ainsi qu'au d├⌐but du XIXe si├¿cle, il y avait des ├⌐coles noires s├⌐par├⌐es en plusieurs endroits, notamment ├á Fredericton, Halifax, Preston, Saint John et Hammond Plains. Ces ├⌐coles dites africaines ont re├ºu par la suite l'aide financi├¿re du gouvernement et ce n'est que ces derni├¿res ann├⌐es que ces ├⌐coles s├⌐par├⌐es ont disparu dans la plupart des localit├⌐s.
  93.  
  94.      Au d├⌐but, les Noirs n'avaient aucune possibilit├⌐ de faire des ├⌐tudes coll├⌐giales ou universitaires. Encore en 1949, seulement trois Noirs ├⌐taient titulaires d'un dipl├┤me universitaire en Nouvelle-├ëcosse. Plus r├⌐cemment, les choses se sont am├⌐lior├⌐es, et aujourd'hui des Noirs n├⌐s au Canada ├⌐tudient dans la plupart des universit├⌐s des Maritimes.
  95.  
  96. Les Noirs au XXe si├¿cle 
  97.  
  98.      Jusqu'├á tout r├⌐cemment, la principale pr├⌐occupation des Noirs dans les provinces Maritimes a ├⌐t├⌐ simplement de survivre. Ils ne pouvaient qu'esp├⌐rer ne pas mourir de faim en acceptant n'importe quel emploi que les Blancs voulaient bien leur laisser. La discrimination dans l'emploi ├⌐tait pratiqu├⌐e presque partout. De ce fait, les Noirs sont demeur├⌐s pauvres et toute mobilit├⌐ vers le haut leur ├⌐tait pratiquement impossible. Les immigrants noirs plus r├⌐cents, qui ├⌐taient plus instruits ou avaient la formation n├⌐cessaire pour occuper des postes plus prestigieux, ont ├⌐t├⌐ en mesure d'atteindre un niveau de vie plus ├⌐lev├⌐ que celui de la plupart des Noirs n├⌐s au Canada.
  99.  
  100.      La majorit├⌐ des Noirs continu├¿rent de vivre dans des r├⌐gions rurales isol├⌐es ├á la p├⌐riph├⌐rie des villes blanches, ordinairement sans logement ou services publics convenables. Le seul espoir d'am├⌐liorer leur sort ├⌐tait d'├⌐migrer dans des villes telles que Saint John ou Halifax o├╣ les possibilit├⌐s de travail, bien que limit├⌐es ├á certains types d'emplois, ├⌐taient beaucoup plus nombreuses. La plus importante colonie noire au Nouveau-Brunswick, Willow Grove, a disparu au d├⌐but du XXe si├¿cle, les jeunes Noirs allant s'installer ├á Saint John ou hors de la province. La majorit├⌐ des Noirs de l'├Äle-du-Prince-├ëdouard ├⌐taient ├á Charlottetown, o├╣ la plupart travaillaient comme journaliers et jardiniers.
  101.  
  102.      Dans les villes, les Noirs vivaient dans certains quartiers ou dans les faubourgs, comme Africville ├á Halifax. Dans les localit├⌐s comme Africville, les Noirs ├⌐taient autoris├⌐s ├á construire des maisons, mais les autorit├⌐s locales se montraient peu dispos├⌐es ├á fournir des services m├¬me essentiels. Les efforts d├⌐ploy├⌐s par les Noirs d'Africville pour obtenir des services d'aqueduc, d'├⌐clairage et d'├⌐gout, et des bonnes routes furent sans succ├¿s. Beaucoup de Blancs de Halifax consid├⌐raient qu'Africville offrait un spectacle honteux pour les yeux, et entachait le caract├¿re distinctif de la ville.
  103.  
  104.      Finalement, les autorit├⌐s d├⌐cid├¿rent de d├⌐m├⌐nager les Noirs qui y habitaient. Africville fut d├⌐truite afin que d'autres am├⌐nagements urbains puissent ├¬tre effectu├⌐s dans cette zone et les Noirs furent replac├⌐s dans des quartiers de la ville o├╣ ils avaient tous les services municipaux essentiels, des logements plus salubres et un meilleur acc├¿s aux services gouvernementaux et aux ├⌐coles.
  105.  
  106.      Les tentatives pr├⌐c├⌐dentes pour persuader les Noirs d'aller s'├⌐tablir dans d'autres parties de la Nouvelle-├ëcosse avaient ├⌐chou├⌐.
  107.  
  108.      Dans le cas d'Africville, les r├⌐sidants n'avaient pas grand choix. La localit├⌐ fut d├⌐truite et les personnes qui y habitaient, d├⌐plac├⌐es. Cependant, les r├⌐sultats ne furent pas conformes ├á ce qu'avaient escompt├⌐s les planificateurs. Beaucoup de Noirs n'├⌐taient pas heureux dans leurs nouveaux logements. L'esprit communautaire et le sentiment d'unit├⌐ qu'ils ressentaient ├á Africville avaient ├⌐t├⌐ d├⌐truits en m├¬me temps que la localit├⌐ elle-m├¬me. Vu les sentiments n├⌐gatifs ├⌐prouv├⌐s par ceux qui furent contraints de d├⌐m├⌐nager, il est tr├¿s peu probable qu'un gouvernement essaie de nouveau une exp├⌐rience de ce genre.
  109.  
  110.      Au Nouveau-Brunswick, Elm Hill, pr├¿s de Gagetown, est la seule petite localit├⌐ noire encore en existence. La majorit├⌐ des Noirs de la province se sont ├⌐tablis ├á Saint John ou ├á Fredericton. En Nouvelle-├ëcosse, un certain nombre de petites communaut├⌐s existent toujours, mais la majorit├⌐ des Noirs habitent Halifax m├¬me ou ├á proximit├⌐.
  111.  
  112.      Au cours des ann├⌐es 1960, un nouvel esprit ├⌐tait apparu parmi les Noirs de la r├⌐gion. En partie en raison du mouvement en faveur de l'├⌐galit├⌐ des droits aux ├ëtats-Unis, les Noirs ne voulaient plus accepter, sans se plaindre, la fa├ºon dont la soci├⌐t├⌐ blanche les traitait. En m├¬me temps, les attitudes du gouvernement ├á l'├⌐gard des droits de la personne et des droits des minorit├⌐s ├⌐taient en train de changer. Les gouvernements se montraient plus dispos├⌐s ├á essayer d'├⌐liminer certains des obstacles auxquels les Noirs faisaient face dans leur lutte pour l'├⌐galit├⌐. Les coiffeurs blancs n'avaient plus le droit de refuser de couper les cheveux d'un noir; la direction d'un th├⌐├ótre ne pouvait plus obliger les Noirs ├á s'asseoir aux balcons; les restaurateurs ne pouvaient plus refuser de les servir; les propri├⌐taires n'avaient plus le droit de refuser de louer ├á des Noirs. Par le biais d'organisations comme la Commission des droits de la personne au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-├ëcosse, et le Black United Front, les Noirs ont commenc├⌐ ├á contester plusieurs types de discrimination qu'ils avaient accept├⌐s pendant des ann├⌐es sans rien dire.
  113.  
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