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/ Canadas Visual History / Canadas_Visual_History_CD-ROM_1996_WIN31-95.iso / mac / SHARED.DIR / 01024_Field_V53FB.txt < prev    next >
Text File  |  1996-08-11  |  31KB  |  56 lines

  1.      Les ├⌐tablissements des groupes pr├⌐-dors├⌐tiens sont plus communs que ceux de la culture de l'Independence I; ils sont g├⌐n├⌐ralement plus grands et caract├⌐ris├⌐s par des accumulations de d├⌐tritus beaucoup plus importantes, ce qui porte ├á croire qu'ils ont ├⌐t├⌐ occup├⌐s plus longtemps par des groupes plus nombreux. La technologie du harpon avait ├⌐galement ├⌐volu├⌐, et des t├¬tes de harpon de styles nouveaux donnaient aux chasseurs la possibilit├⌐ de tuer des animaux tels que le morse, le narval et le b├⌐luga. On n'a pas retrouv├⌐ de restes de bateaux, mais l'emplacement de certains sites pr├⌐-dors├⌐tiens dans des r├⌐gions o├╣ pr├⌐dominent les eaux libres laisse croire que l'on a pu utiliser des embarcations, peut-├¬tre petites et de type kayak. Quelques sites ont fourni des os de grands chiens, mais aucun ├⌐l├⌐ment de l'├⌐quipement de tra├«neau complexe qu'on trouve chez les groupes post├⌐rieurs; il se peut donc que les chiens aient ├⌐t├⌐ utilis├⌐s seulement pour le transport des charges et comme animaux de chasse.
  2.  
  3.      Nous ne savons pas quels ├⌐taient les liens entre les groupes pr├⌐-dors├⌐tiens et ceux de l'Independence I. Les premiers ont pu ├¬tre les descendants de groupes qui ont err├⌐ vers l'est ├á partir de l'Alaska quelque deux si├¿cles apr├¿s les gens de l'Independence I. Quoi qu'il en soit, ils se sont adapt├⌐s ├á la r├⌐gion avec plus d'efficacit├⌐ et se sont ├⌐tendus sur l'Arctique. D├¿s environ 1 500 av. J.-C., la r├⌐gion des ├«les Victoria et Banks ├⌐tait occup├⌐e par un groupe pr├⌐-dors├⌐tien, qui semble s'├¬tre sp├⌐cialis├⌐ dans la chasse au boeuf musqu├⌐ et au caribou, plut├┤t qu'aux mammif├¿res marins. Peu de temps apr├¿s, certains de ces groupes ont apparemment commenc├⌐ ├á se d├⌐placer vers le sud ├á travers la r├⌐gion de la toundra; on trouve leurs vestiges jusque dans les r├⌐gions bois├⌐es du Grand Lac des Esclaves et du lac Athabaska. Cette expansion a ├⌐vinc├⌐ les r├⌐sidents am├⌐rindiens qui occupaient la r├⌐gion depuis plusieurs mill├⌐naires, et qui ne sont revenus que lorsque les Pal├⌐o-Esquimaux ont abandonn├⌐ la toundra, aux environs de 800 avant notre ├¿re. Cette p├⌐riode de mouvement vers le sud de la part des Esquimaux et des Am├⌐rindiens correspond peut-├¬tre ├á un refroidissement du climat qui, on le sait, a eu lieu ├á une ├⌐poque ind├⌐termin├⌐e apr├¿s 1 500 av. J.-C. Ce ph├⌐nom├¿ne naturel explique peut-├¬tre aussi l'abandon de l'Arctique polaire ├á la m├¬me ├⌐poque par les gens de la Tradition des outils microlithiques de l'Arctique.
  4.  
  5. La culture pal├⌐o-esquimaude dors├⌐tienne (1 000 av. J.-C.-1 400 apr. J.-C.) 
  6.  
  7.      Les ├⌐l├⌐ments stylistiques des objets pr├⌐-dors├⌐tiens ont subi des modifications graduelles au cours du deuxi├¿me mill├⌐naire av. J.-C., mais il semble que le rythme du changement se soit acc├⌐l├⌐r├⌐ rapidement vers 1 000 av. J.-C. ├Ç mesure qu'apparaissaient de nouveaux styles de maisons ou de tentes, la disposition ├á couloir central qui caract├⌐risait les campements de l'Independence I est r├⌐apparue. Il se peut que ce type de construction ait ├⌐t├⌐ conserv├⌐ dans certaines r├⌐gions arch├⌐ologiquement inconnues de l'Arctique polaire ou au Groenland par des descendants des groupes de l'Independence I, qui ont de nouveau occup├⌐ l'Arctique polaire vers 1 000 av. J.-C. ├Ç ce stade de leur histoire, les arch├⌐ologues d├⌐signent leur culture sous le nom de l'Independence I. Les maisons dors├⌐tiennes ├⌐taient plus grandes que celles des groupes pr├⌐c├⌐dents et parfois semi-souterraines, s'├⌐levant au-dessus d'une fosse profonde de plusieurs centim├¿tres dans le sol. Plut├┤t que des peaux, ces groupes semblent avoir employ├⌐ des murs de terre pour ├⌐riger des abris plus permanents. Contrairement aux sites pr├⌐-dors├⌐tiens qui ne contiennent que de rares petites lampes rondes, les sites dors├⌐tiens livrent couramment des lampes rectangulaires ou ovales en st├⌐atite, ├á parois minces, qui servaient ├á chauffer les demeures de leurs propri├⌐taires. On a l'impression que, au moins durant l'hiver, les Dors├⌐tiens menaient une vie nettement plus confortable que leurs anc├¬tres pr├⌐-dors├⌐tiens.
  8.  
  9.      Plus grands que ceux de culture pr├⌐-dors├⌐tienne, les sites arch├⌐ologiques dors├⌐tiens semblent repr├⌐senter une occupation plus permanente par une population plus dense. Cela tenait peut-├¬tre aux progr├¿s des techniques de chasse qui permettaient une exploitation plus efficace du milieu. En effet, outre la lampe en st├⌐atite, plusieurs nouveaux ├⌐l├⌐ments techniques ap- paraissent ├á cette ├⌐poque. Parmi eux figurent des outils en os dans lesquels on a cru voir des couteaux ├á neige, outils sp├⌐cialis├⌐s dont on a pu se servir pour d├⌐couper des blocs de neige pour la construction d'iglous. ├ëtant donn├⌐ l'accroissement simultan├⌐ de l'utilisation des lampes ├á godet, ces abris auraient ├⌐t├⌐ fort utiles. On rencontre aussi sur les sites des semelles de tra├«neau, des lamelles d'os ou d'ivoire destin├⌐es ├á ├¬tre fix├⌐es avec des chevilles sous les patins de bois du tra├«neau pour prot├⌐ger ceux-ci sur la glace rugueuse ou le gravier; ces objets, ainsi que quelques trouvailles d'os de chiens, laissent croire que les Dors├⌐tiens ont pu utiliser des tra├«neaux ├á chiens. On a trouv├⌐ quelques membres de kayaks ou d'embarcations de type kayak, et beaucoup de gisements dors├⌐tiens se situent dans des r├⌐gions o├╣ il aurait ├⌐t├⌐ profitable de chasser en kayak. Les t├¬tes de harpon ont continu├⌐ ├á se d├⌐velopper, les logettes ouvertes de la p├⌐riode pr├⌐-dors├⌐tienne ├⌐tant graduellement remplac├⌐es par des logettes ferm├⌐es creus├⌐es dans la base de la t├¬te. Ces nouveaux styles de t├¬tes de harpon n'ont pas l'air plus efficaces que les formes plus anciennes, mais certains groupes dors├⌐tiens semblent avoir ├⌐t├⌐ grands chasseurs de morses et de petites baleines, peut-├¬tre ├á cause d'embarcations plus efficaces.
  10.  
  11.      Les techniques de fabrication ont ├⌐galement chang├⌐. Les burins de la p├⌐riode de la Tradition des outils microlithiques de l'Arctique -- avec lesquels s'accomplissait tout le travail fondamental de l'os ou de l'ivoire -- ont ├⌐t├⌐ remplac├⌐s par des outils de type burin en silex poli, qui probablement gardaient leur tranchant plus longtemps et ├⌐taient plus faciles ├á aiguiser. Les couteaux en ardoise polie sont devenus courants; peut-├¬tre ├⌐taient-ils des outils de d├⌐pe├ºage plus efficaces que les couteaux de pierre taill├⌐e des si├¿cles ant├⌐rieurs. Par contre, et c'est assez surprenant, certains outils ne paraissent plus dans l'outillage dors├⌐tien. Les anc├¬tres pr├⌐-dors├⌐tiens avaient pratiqu├⌐ des trous dans le bois, l'os et l'ivoire avec des forets, probablement des forets ├á main, mais toutes les perforations de la culture dors├⌐tienne ont ├⌐t├⌐ faites par le creusement laborieux d'une fente ├á l'aide d'un outil de type burin. Il y a d'assez bons indices de l'usage de l'arc et de la fl├¿che ├á l'├⌐poque de la Tradition des outils microlithiques de l'Arctique, mais on ne rencontre ├á l'├⌐poque dors├⌐tienne aucune trace certaine d'arcs ou de pointes de fl├¿ches. On ignore les raisons de ces absences.
  12.  
  13.      Il semble toutefois qu'en g├⌐n├⌐ral la technologie des Dors├⌐tiens ait ├⌐t├⌐ plus efficace que celle de leurs anc├¬tres. Au cours de la p├⌐riode de 800 ├á 500 av. J.-C., elle semble s'├¬tre r├⌐pandue dans l'Arctique canadien y compris l'Arctique polaire et le nord du Groenland, qui a ├⌐t├⌐ occup├⌐ par les gens de l'Independence II, ├á affinit├⌐s dors├⌐tiennes. D├¿s 500 av. J.-C. ou peu de temps apr├¿s, des Dors├⌐tiens avaient ├⌐tendu leur aire d'occupation vers le sud le long de la c├┤te du Labrador jusqu'├á l'├«le de Terre-Neuve, dont ils semblent avoir ├⌐t├⌐ les principaux occupants pendant ├á peu pr├¿s 1 000 ans par la suite. La toundra ├á l'ouest de la baie d'Hudson semble ├¬tre la seule r├⌐gion de l'Arctique qu'ils n'aient pas occup├⌐e, peut-├¬tre parce que cette r├⌐gion avait ├⌐t├⌐ r├⌐occup├⌐e par des groupes am├⌐rindiens qu'ils ne pouvaient d├⌐loger.
  14.  
  15.      La culture dors├⌐tienne a atteint son apog├⌐e entre 500 et 1 000 apr. J.-C., ├⌐poque o├╣ son aire d'occupation a atteint sa plus grande ├⌐tendue et o├╣ elle a produit un art unique et assez ├⌐tonnant. On conna├«t de la culture pr├⌐-dors├⌐tienne quelques petites sculptures en ivoire repr├⌐sentant des personnes et des animaux, mais il semble qu'on ait sculpt├⌐ ces objets plus fr├⌐quemment pendant la p├⌐riode dors├⌐tienne. Au cours des derniers si├¿cles de la culture dors├⌐tienne, cependant, le nombre de ces sculptures para├«t s'├¬tre accru de fa├ºon dramatique. Bon nombre d'entre elles sont des repr├⌐sentations naturalistes d'├¬tres humains, d'ours, d'autres animaux et d'oiseaux, mais nombreux sont les objets stylis├⌐s dans lesquels on voit g├⌐n├⌐ralement une relation avec les rites et les c├⌐r├⌐monies magiques du chaman. Des masques et des tambours de bois, des jeux de dents d'animaux sculpt├⌐es dans l'ivoire, destin├⌐es ├á ├¬tre ins├⌐r├⌐es dans la bouche, et des tubes en ivoire finement sculpt├⌐s ou ┬½f├⌐tiches-gu├⌐risseurs┬╗ ont pu ├¬tre utilis├⌐s par le chaman dans des c├⌐r├⌐monies magiques li├⌐es ├á la gu├⌐rison ou ├á la chasse. Des t├¬tes de harpon miniatures et des figures d'├¬tres humains ou d'ours, dont les poitrines sont perc├⌐es de trous dans lesquels s'ins├¿rent des ├⌐chardes de bois ou de la peinture ├á l'ocre rouge, ont pu servir ├á des actes de magie noire ou blanche. Les fonctions de beaucoup de ces instruments, dont la forme semble normalis├⌐e dans de vastes r├⌐gions, sont totalement inconnues.
  16.  
  17.      Les Dors├⌐tiens r├⌐cents ont commenc├⌐ ├á ├⌐riger de grandes constructions qui, selon l'hypoth├¿se la plus probable, ├⌐taient des centres c├⌐r├⌐moniels. Elles prennent la forme d'enclos rectangulaires de grosses pierres, mesurant jusqu'├á quarante m├¿tres sur sept. Des rang├⌐es de foyers isol├⌐s sont associ├⌐es ├á ces constructions, mais ne semblent pas avoir fait partie de celles-ci. On a cru ├á tort que certains de ces vestiges, trouv├⌐s dans le Qu├⌐bec arctique, ├⌐taient des ┬½longues-maisons┬╗ de Vikings. Nous ne comprenons pas pourquoi les Dors├⌐tiens ont construit ces habitations, ni pourquoi les arts semblent s'├¬tre d├⌐velopp├⌐s ├á cette ├⌐poque. Il est possible qu'ils aient ├⌐t├⌐ influenc├⌐s par les ├⌐v├⌐nements historiques contemporains; les Dors├⌐tiens, dont la culture s'├⌐tait d├⌐velopp├⌐e dans l'isolement de l'Arctique canadien depuis 3 000 ans, sont alors entr├⌐s en contact avec des groupes ├⌐trangers: les Norrois du Groenland, qui ont pu faire des incursions occasionnelles dans l'Arctique oriental aux environs de 1 000 apr. J.-C., et les anc├¬tres des Esquimaux, qui se d├⌐pla├ºaient vers l'est ├á partir de l'Alaska ├á peu pr├¿s ├á la m├¬me ├⌐poque.
  18.  
  19.      Quelle que soit la raison de ce d├⌐veloppement de la culture dors├⌐tienne, il en marque aussi la fin. Les documents arch├⌐ologiques indiquent que l'occupation dors├⌐tienne de la majeure partie du Canada arctique s'est termin├⌐e vers 1 000 apr. J.-C., ├á peu pr├¿s en m├¬me temps que les anc├¬tres des Esquimaux ont commenc├⌐ ├á se d├⌐placer vers l'est ├á partir de l'Alaska. C'est seulement dans le Qu├⌐bec arctique, o├╣ les Esquimaux ne sont arriv├⌐s que plusieurs si├¿cles plus tard, qu'on a trouv├⌐ des indices de la survie de la culture dors├⌐tienne jusque vers 1 400 apr. J.-C.
  20.  
  21. Le d├⌐veloppement de la culture esquimaude de l'Alaska (2 000 av. J.-C.-1 000 apr. J.-C.) 
  22.  
  23.      Au cours de la p├⌐riode de 3 000 ans pendant laquelle les Pal├⌐o-Esquimaux ont d├⌐velopp├⌐ leur culture unique dans le Canada arctique, une ├⌐volution tr├¿s diff├⌐rente s'est poursuivie en Alaska. La r├⌐alit├⌐ arch├⌐ologique semble y avoir ├⌐t├⌐ beaucoup plus complexe, et elle est mal comprise. Les ├«les Al├⌐outiennes ont ├⌐t├⌐ le th├⌐├ótre d'une ├⌐volution continue mais graduelle qui a d├⌐bouch├⌐ sur la culture des Al├⌐outes historiques. La c├┤te pacifique de l'Alaska a vu le d├⌐veloppement d'une technologie bas├⌐e en grande partie sur des outils en ardoise polie, et a pu ├¬tre ├á l'origine des cultures esquimaudes historiques de la r├⌐gion. Les c├┤tes nord et ouest de l'Alaska ont ├⌐t├⌐ occup├⌐es pendant la plus grande partie du deuxi├¿me mill├⌐naire av. J.-C. par des gens de la Tradition des outils microlithiques de l'Arctique dont les cultures ├⌐taient similaires ├á celles du Canada arctique. Vers 1 000 av. J.-C., cependant, il se produit une interruption de plusieurs si├¿cles dans la documentation de l'activit├⌐ humaine. Apr├¿s ce hiatus, appara├«t une s├⌐rie de groupes (cultures Baleini├¿re ancienne, Choris et Norton) dont les technologies sont un m├⌐lange curieux d'├⌐l├⌐ments semblant provenir de r├⌐gions diff├⌐rentes: outils de pierre taill├⌐e proc├⌐dant apparemment de la Tradition des outils microlithiques de l'Arctique; objets comme des outils en ardoise polie, des lampes de pierre et des labrets (ornements fix├⌐s aux l├¿vres) semblables ├á ceux dont se servaient les groupes de la c├┤te du Pacifique; et poterie estamp├⌐e de motifs en damier semblable ├á celle utilis├⌐e par les groupes du N├⌐olithique de la Sib├⌐rie orientale ├á la m├¬me ├⌐poque. Le dernier en date de ces groupes, le groupe Norton de la p├⌐riode allant d'environ 500 av. J.-C. au d├⌐but de notre ├¿re, ├⌐tait presque certainement esquimau, car une continuit├⌐ arch├⌐ologique indiscutable se manifeste entre lui et les groupes esquimaux de la p├⌐riode historique. Si les gens de la culture Norton ├⌐taient les descendants de groupes de la Tradition des outils microlithiques de l'Arctique qui avaient beaucoup appris des cultures du sud de l'Alaska bas├⌐es sur la chasse aux mammif├¿res marins, nous pouvons supposer que les groupes de la Tradition des outils microlithiques de l'Arctique ├⌐taient esquimaux. Toutefois, si les groupes Norton ├⌐taient compos├⌐s d'habitants du sud de l'Alaska qui s'├⌐taient d├⌐plac├⌐s vers le nord jusqu'├á la c├┤te de la mer de B├⌐ring et qui avaient appris d'un groupe survivant de la Tradition des outils microlithiques de l'Arctique leurs techniques de travail de la pierre (acqu├⌐rant l'art de la poterie au contact de groupes sib├⌐riens), les repr├⌐sentants de la Tradition des outils microlithiques de l'Arctique n'├⌐taient donc pas des anc├¬tres des Esquimaux. Dans ce cas, les traditions esquimaudes remonteraient aux groupes qui occupaient la c├┤te pacifique de l'Alaska depuis plusieurs mill├⌐naires. Les limitations actuelles de nos connaissances arch├⌐ologiques des groupes Norton ne nous permettent pas de r├⌐soudre la question.
  24.  
  25.      Quelles que soient leurs origines, vers le d├⌐but de notre ├¿re, certains groupes Norton ├⌐tablis au voisinage du d├⌐troit de B├⌐ring ont commenc├⌐ ├á d├⌐velopper des techniques tr├¿s complexes de chasse aux mammif├¿res marins. Dans les villages de culture Old Bering Sea, nous trouvons les restes d'embarcations de peau, ├á la fois le kayak et l'oumiak. Ce dernier ├⌐tait une embarcation ouverte, longue de huit ├á dix m├¿tres, dont on pouvait se servir aussi bien pour d├⌐m├⌐nager d'un campement ├á un autre que pour chasser la grande baleine bor├⌐ale. L'invention par ce groupe du harpon ├á flotteur a entra├«n├⌐ d'importants changements dans les m├⌐thodes de chasse aux mammif├¿res marins. Avec cet ├⌐quipement, le chasseur n'avait pas ├á tenir ├á la main la ligne attach├⌐e au harpon; celle-ci ├⌐tait reli├⌐e ├á un flotteur compos├⌐ d'une outre en peau de phoque gonfl├⌐e. Tandis qu'auparavant, la ligne tenue ├á main ne permettait pas de retenir sans danger certains grands mammif├¿res marins, le chasseur pouvait maintenant harponner les ├⌐normes animaux et les laisser tra├«ner le flotteur jusqu'├á ce qu'ils s'├⌐puisent. On pouvait alors tuer la proie et la r├⌐cup├⌐rer. Avec cet ├⌐quipement, les repr├⌐sentants de la culture Old Bering Sea chassaient en grand nombre le morse, dont l'ivoire constituait la mati├¿re de base d'une grande partie de leur technologie. Beaucoup de leurs objets arborent un style d├⌐coratif comprenant de nombreuses r├⌐pliques d'objets de la culture esquimaude ult├⌐rieure tels que des lunettes pour prot├⌐ger le chasseur contre la c├⌐cit├⌐ des neiges, des crampons fix├⌐s sous les pieds pour emp├¬cher de glisser sur la glace, des imitations de nageoires de phoques avec lesquelles on grattait la glace pour attirer ces animaux, l'arc composite dont le dos porte un c├óble de tendon tordu qui en augmente la puissance, des pointes de fl├¿che barbel├⌐es en os ou en bois de cervid├⌐ et des couteaux en ardoise polie.
  26.  
  27.      Par suite, peut-├¬tre d'une technologie de chasse nouvelle et plus efficace, les sch├¿mes d'├⌐tablissement ont chang├⌐. Les petits villages d'hiver permanents ├⌐taient compos├⌐s de plusieurs maisons creus├⌐es dans le sol, dont les murs et le toit ├⌐taient faits de bois flott├⌐ recouvert de terre et auxquelles on acc├⌐dait par un tunnel d'entr├⌐e en creux servant de sas. Le chauffage de ces maisons ├⌐tait assur├⌐ par de grandes lampes ├á godet en poterie, et la cuisson se faisait dans des marmites en c├⌐ramique. De telles demeures ont d├╗ ├¬tre beaucoup plus confortables que toutes les autres utilis├⌐es ant├⌐rieurement dans les r├⌐gions arctiques. Toutefois, leur adoption a ├⌐t├⌐ possible seulement gr├óce ├á la disponibilit├⌐ de grandes quantit├⌐s de nourriture qu'on pouvait entreposer pour la consommer au cours de l'hiver.
  28.  
  29.      Les descendants des gens de la culture Old Bering Sea ont continu├⌐ ├á d├⌐velopper ce mode de vie jusqu'├á la p├⌐riode historique dans la r├⌐gion du d├⌐troit de B├⌐ring. Vers 500 apr. J.-C., cette culture s'├⌐tait ├⌐tendue ├á la c├┤te nord de l'Alaska, par suite soit de la migration de populations, soit tout simplement de la diffusion d'id├⌐es ├á la faveur de contacts commerciaux. Bien que le nord de l'Alaska ne soit pas g├⌐n├⌐ralement aussi riche que le d├⌐troit de B├⌐ring, ses habitants disposaient d'une ressource qu'ils pouvaient maintenant commencer ├á exploiter. Chaque printemps, les grandes baleines bor├⌐ales migrent vers l'est le long de la c├┤te nord de l'Alaska, s'avan├ºant dans d'├⌐troits passages dans la glace. Elles sont alors des proies faciles pour les chasseurs, qui m├¬me aujourd'hui stationnent leurs oumiaks sur le bord des passages et attendent les baleines. Lorsqu'on rep├¿re les animaux qui se d├⌐placent lentement, les bateaux sont rapidement mis ├á la mer et on harponne les baleines. Chaque animal abattu fournit plusieurs tonnes de graisse et de viande. Entre 500 et 1 000 apr. J.-C., les groupes du nord de l'Alaska ont appris cette m├⌐thode de chasse et ont ├⌐tabli de grands villages de maisons semi-souterraines ├á des endroits propices ├á la chasse ├á la baleine. Ce sont ces groupes qui ont ├⌐t├⌐ les anc├¬tres imm├⌐diats des Esquimaux de l'Arctique canadien et du Groenland.
  30.  
  31. La culture thul├⌐enne (1 000-1 600 apr. J.-C.) 
  32.  
  33.      Aux environs de 1 000 apr. J.-C., les chasseurs de baleines du nord de l'Alaska ont commenc├⌐ ├á se d├⌐placer vers l'est, voyageant probablement en oumiak et apportant avec eux la plupart des ├⌐l├⌐ments de la culture complexe de chasse aux mammif├¿res marins qui avaient ├⌐t├⌐ d├⌐velopp├⌐s en Alaska au cours du pr├⌐c├⌐dent mill├⌐naire. Nous ignorons les raisons de ce d├⌐placement, mais il est peut-├¬tre li├⌐ ├á un r├⌐chauffement g├⌐n├⌐ral du climat de l'Arctique, ├á cette ├⌐poque. Les temp├⌐ratures plus ├⌐lev├⌐es ont probablement fait fondre une partie de la glace de mer, ouvrant une ├⌐tendue plus grande aux baleines bor├⌐ales et autres grands mammif├¿res pour se nourrir l'├⌐t├⌐, et rendant peut ├¬tre en m├¬me temps plus difficile la chasse ├á la baleine pendant la br├¿ve saison printani├¿re de migration le long de la c├┤te nord de l'Alaska. Les restes arch├⌐ologiques de ces migrants chasseurs de baleines ont ├⌐t├⌐ trouv├⌐s pour la premi├¿re fois pr├¿s de Thul├⌐ dans le nord du Groenland, d'o├╣ l'appellation culture thul├⌐enne. Les vestiges les plus anciens d├⌐couverts ├á Thul├⌐ d├⌐notent une technologie pratiquement identique ├á celle du nord de l'Alaska de la m├¬me ├⌐poque, ce qui porte ├á croire que le mouvement vers l'est a d├╗ se produire tr├¿s rapidement. Nous soup├ºonnons que les groupes thul├⌐ens ont suivi les baleines vers l'est et le nord jusqu'au passage Parry, o├╣ ils ont rencontr├⌐ la baleine bor├⌐ale du Groenland, vari├⌐t├⌐ atlantique de la baleine bor├⌐ale de l'Alaska. Ils l'ont alors suivie jusqu'au Groenland, ├á l'├«le Baffin et ├á la baie d'Hudson. ├ëtant donn├⌐ l'├⌐tat libre des eaux ├á l'├⌐poque et le fait que les populations de baleines n'avaient pas encore ├⌐t├⌐ r├⌐duites par les chasseurs europ├⌐ens, ces animaux ont d├╗ ├¬tre largement r├⌐pandus pendant tous les mois d'├⌐t├⌐. Cette situation contrastait avec la br├¿ve saison migratoire ├á laquelle les Thul├⌐ens s'├⌐taient habitu├⌐s dans les localit├⌐s du nord de l'Alaska. L'existence d'une ressource si largement r├⌐pandue et si s├╗re a pu encourager l'exploration de territoires nouveaux, ainsi que de fr├⌐quents mouvements vers de nouvelles r├⌐gions.
  34.  
  35.      Les villages de culture thul├⌐enne sont r├⌐partis sur toutes les r├⌐gions c├┤ti├¿res de l'Arctique canadien. Apr├¿s le premier mouvement, apparemment rapide, ├á travers l'Arctique, les populations thul├⌐ennes ont commenc├⌐ ├á p├⌐n├⌐trer dans d'autres r├⌐gions o├╣ l'on ne trouvait pas de baleines, mais o├╣ il existait d'autres ressources. Dans l'├«le Victoria et sur la terre ferme adjacente, par exemple, nous trouvons des vestiges de groupes thul├⌐ens qui semblent avoir tir├⌐ leur subsistance principalement du phoque, du caribou et du poisson. Dans la r├⌐gion autour d'Igloolik, ils ont d├╗ d├⌐couvrir t├┤t les immenses ressources en morses de la r├⌐gion. et ils ont construit des villages dans des localit├⌐s bien situ├⌐es pour la chasse au morse. M├¬me dans les r├⌐gions o├╣ il est clair que la chasse ├á la baleine repr├⌐sentait une activit├⌐ fort fructueuse, les villages thul├⌐ens contiennent en grand nombre des os de phoques, de morses, de caribous et d'autres animaux. On en conclut qu'il s'agissait de chasseurs polyvalents, qui utilisaient leur technologie pour exploiter pleinement le milieu environnant. Le nombre de baleines qu'ils ont abattues porte cependant ├á croire qu'une bonne partie de leur nourriture et de leur mati├¿re combustible a d├╗ continuer ├á provenir de cette source. Dans un petit village de huit maisons de l'Arctique polaire, on a trouv├⌐ les os d'au moins vingt grandes baleines. Dans les villages plus grands, ce nombre s'├⌐l├¿ve jusqu'├á cinquante.
  36.  
  37.      L'exploitation des baleines par les groupes thul├⌐ens ne se limitait pas ├á la viande et ├á la graisse de ces mammif├¿res, leurs os servaient aussi de mat├⌐riau de construction. Le bois flott├⌐ avec lequel ils avaient b├óti leurs maisons d'hiver en Alaska n'├⌐tait pas largement r├⌐pandu dans l'Arctique canadien; aussi, pour conserver le m├¬me style de maison, il leur fallait adopter d'autres mat├⌐riaux. Les sols et les plate-formes de couchage sur├⌐lev├⌐es ├⌐taient maintenant construits avec des pierres plates, les murs inf├⌐rieurs avec des roches empil├⌐es. Le toit se composait d'une armature d'os de baleine, recouverte de peaux et d'une ├⌐paisse couche de terre. Les maisons d'hiver qui en r├⌐sultaient ont d├╗ ├¬tre aussi confortables que celles de leurs anc├¬tres de l'Alaska. Pendant les mois d'├⌐t├⌐, comme en Alaska, les gens vivaient dans des tentes en peaux. Cependant, les groupes thul├⌐ens utilisaient aussi un type d'habitation d'hiver qui ├⌐tait inconnu des gens de l'Alaska, l'habitation de neige h├⌐misph├⌐rique. Des outils sp├⌐cialis├⌐s pour la construction des igloussondes pour mesurer la profondeur et la consistance de la neige, et couteaux pour couper de grands blocssont des trouvailles courantes dans les villages thul├⌐ens. Il se peut que les Thul├⌐ens aient invent├⌐ ce type de construction, mais il semble probable qu'ils aient adapt├⌐ des habitations de neige utilis├⌐es par leurs pr├⌐d├⌐cesseurs dors├⌐tiens dans la r├⌐gion. Autre ├⌐l├⌐ment de technologie qu'ils ont pu apprendre des Dors├⌐tiens, l'utilisation de la st├⌐atite pour la fabrication de lampes et de marmites. Bien que les groupes thul├⌐ens anciens aient continu├⌐ d'utiliser la poterie, l'absence de bois pour cuire la c├⌐ramique a d├╗ les inciter ├á chercher un mat├⌐riau de remplacement. Leurs r├⌐cipients et leurs lampes de st├⌐atite sont plus grands que ceux des Dors├⌐tiens et de facture compl├¿tement diff├⌐rente, mais l'id├⌐e initiale a pu provenir de contacts avec les occupants ant├⌐rieurs de la r├⌐gion.
  38.  
  39.      Toutefois, le reste de la technologie thul├⌐enne est bas├⌐ directement sur les outils et les id├⌐es que les migrants originaux ont apport├⌐s avec eux de l'Alaska. Les Thul├⌐ens ont pourtant perfectionn├⌐ consid├⌐rablement une pi├¿ce d'├⌐quipement technique ant├⌐rieure, le tra├«neau. Des pi├¿ces de tra├«neau se rencontrent dans la culture dors├⌐tienne de l'Arctique canadien et dans les sites anciens de l'Alaska, mais il semble que tous ces tra├«neaux aient ├⌐t├⌐ petits, probablement ├á traction humaine. Des harnais pour chiens et d'autres ├⌐quipements sp├⌐cialis├⌐s pour la traction par les chiens apparaissent pour la premi├¿re fois dans des sites canadiens thul├⌐ens, et il se peut que ce soit ces gens qui aient invent├⌐ ce mode de transport, qui accroissait de beaucoup l'├⌐tendue des territoires de chasse et de d├⌐placement hivernal.
  40.  
  41.      L'un des myst├¿res qui entoure l'occupation de l'Arctique canadien par les Thul├⌐ens concerne leurs relations avec les Dors├⌐tiens, occupants pr├⌐c├⌐dents de la r├⌐gion. Comme nous l'avons dit, quelques ├⌐l├⌐ments de la technologie thul├⌐enne sont issus peut-├¬tre de prototypes dors├⌐tiens, ce qui laisse entendre qu'il y a eu certains contacts. Les l├⌐gendes des Esquimaux canadiens racontent que, quand leurs anc├¬tres arriv├¿rent au pays, ils y trouv├¿rent un groupe appel├⌐ Tounit, grande et douce race de chasseurs de phoques ├á laquelle il manquait plusieurs ├⌐l├⌐ments de la technologie esquimaude. Ces r├⌐cits parlent de combats entre les deux groupes, et disent que le groupe Tounit a ├⌐t├⌐ chass├⌐. Il se peut bien que celui-ci soit le groupe que nous connaissions arch├⌐ologiquement sous le nom de Dors├⌐tiens, et les t├⌐moignages arch├⌐ologiques de la disparition de la culture dors├⌐tienne ├á peu pr├¿s ├á la m├¬me ├⌐poque que la migration des Thul├⌐ens concordent avec les l├⌐gendes esquimaudes. Les Dors├⌐tiens semblent avoir surv├⌐cu jusqu'en 1 400 apr. J.-C. au Qu├⌐bec arctique, qui est la derni├¿re r├⌐gion occup├⌐e par la culture thul├⌐enne; aucun site thul├⌐en au Qu├⌐bec ou au Labrador ne peut-├¬tre dat├⌐ d'une ├⌐poque ant├⌐rieure ├á 1 500 apr. J.-C. ├Ç ce moment-l├á, les Esquimaux thul├⌐ens avaient achev├⌐ leur occupation de l'Arctique canadien.
  42.  
  43. La Petite Glaciation et les Esquimaux historiques (1 600-1 850 apr. J.-C.) 
  44.  
  45.      L'expansion de la culture thul├⌐enne a eu pour cons├⌐quence la diffusion dans tout l'Arctique canadien d'une culture de chasse aux mammif├¿res marins relativement uniforme, riche et complexe. Et pourtant, lorsque les explorateurs europ├⌐ens p├⌐n├⌐tr├¿rent dans la r├⌐gion au cours des quatre derniers si├¿cles, ils ont d├⌐crit des groupes d'Esquimaux vivant maigrement de phoques, de poissons ou de caribous. Ce serait un changement climatique qui expliquerait le mieux la disparition de la culture thul├⌐enne et le d├⌐veloppement de cultures dissemblables, aux ├⌐conomies plus pauvres. Vers 1 000 apr. J.-C., par suite d'un r├⌐chauffement du climat, la limite de la v├⌐g├⌐tation arborescente a avanc├⌐ vers le nord sur 1 000 kilom├¿tres au-del├á de sa position actuelle. Cette modification de leur environnement a peut-├¬tre encourag├⌐ l'expansion des Thul├⌐ens vers l'est, mais le refroidissement subs├⌐quent qui a commenc├⌐ vers 1 200 apr. J.-C. et qui s'est accentu├⌐ aux XVIIe et XVIIIe (la Petite Glaciation de l'Europe) semble avoir caus├⌐ le d├⌐clin du mode de vie des Thul├⌐ens. De plus, au XVIe si├¿cle, les Europ├⌐ens ont commenc├⌐ ├á se livrer ├á la chasse ├á la baleine dans l'ouest de l'Atlantique, activit├⌐ qui a pu causer une diminution des migrations de baleines vers l'est de l'Arctique. Certains groupes thul├⌐ens ont d├╗ mourir de faim, tandis que d'autres allaient s'installer dans de nouvelles r├⌐gions; mais la plupart semblent s'├¬tre adapt├⌐s rapidement ├á la d├⌐gradation de leurs conditions ├⌐conomiques.
  46.  
  47.      Quelques groupes thul├⌐ens ont r├⌐ussi ├á survivre avec un mode de vie peu modifi├⌐ jusqu'├á leur contact avec les Europ├⌐ens. La Petite Glaciation ne semble pas avoir eu d'effet important sur les Esquimaux du Labrador, qui ont perp├⌐tu├⌐ la culture fondamentalement thul├⌐enne d├⌐crite par les explorateurs europ├⌐ens des XVIIe et XVIIIe si├¿cles. D├¿s la fin de cette p├⌐riode, toutefois, ces Esquimaux se livraient ├á un commerce consid├⌐rable avec les Europ├⌐ens et avaient acquis des bateaux et des fusils europ├⌐ens qui ont transform├⌐ leur vie plus que le changement climatique.
  48.  
  49.      ├Ç l'autre extr├¬me, les Thul├⌐ens qui avaient occup├⌐ une bonne partie de l'Arctique polaire ont ├⌐t├⌐ oblig├⌐s d'abandonner la r├⌐gion. Beaucoup de groupes sont peut-├¬tre morts en essayant de s'adapter aux nouvelles conditions, d'autres se sont peut-├¬tre d├⌐plac├⌐s vers l'est pour s'installer dans le district de Thul├⌐, au nord-ouest du Groenland. L├á, une population esquimaude survivante a subsist├⌐ en petits groupes aux alentours des lieux de chasse au phoque et des falaises o├╣ nichent les oiseaux jusqu'├á ce que les Europ├⌐ens les d├⌐couvrent au XIXe si├¿cle et les d├⌐signent sous le nom d'Esquimaux polaires.
  50.  
  51.      Dans l'Arctique central, des groupes thul├⌐ens semblent s'├¬tre adapt├⌐s en accentuant certains aspects de leurs cycles saisonniers de chasse, tandis que les autres activit├⌐s perdaient de l'importance. Ceux qui auparavant avaient pass├⌐ leurs ├⌐t├⌐s ├á chasser la baleine et d'autres mammif├¿res marins dans les eaux c├┤ti├¿res et avaient ensuite constitu├⌐ des stocks de vivres ├á consommer dans les villages d'hiver permanents ont d├╗ constater que les quantit├⌐s croissantes de glace d'├⌐t├⌐ rendaient la chasse impossible. En cons├⌐quence, ils ont commenc├⌐ ├á passer le plus clair de l'├⌐t├⌐ ├á l'int├⌐rieur, se livrant ├á la p├¬che et chassant le caribou. En hiver, ayant peu de r├⌐serves de vivres et disposant pour seule ressource alimentaire du phoque annel├⌐, ils ont abandonn├⌐ leurs maisons d'hiver permanentes pour habiter des villages d'iglous sur la glace. ├Ç mesure que l'hiver avan├ºait, la diminution de la population locale des phoques les contraignait ├á ├⌐migrer. Au cours de ces adaptations, les gens ont laiss├⌐ tomber beaucoup d'├⌐l├⌐ments de la technologie thul├⌐enne. Non seulement les maisons d'hiver permanentes et la technologie complexe de la chasse en mer, que le changement climatique avait rendu caduques, mais aussi une bonne partie de la culture religieuse, de l'art, de la mythologie et de l'organisation sociale ├⌐volu├⌐e qui ont d├╗ caract├⌐riser la p├⌐riode thul├⌐enne ont alors disparu.
  52.  
  53.      Ainsi, par suite de la d├⌐t├⌐rioration progressive des conditions du milieu, les Esquimaux du nord du Canada, qu'ont d├⌐crits les explorateurs et les anthropologues des XIXe et XXe si├¿cles, pratiquaient des modes de vie beaucoup plus aust├¿res que ceux de leurs anc├¬tres de quelques si├¿cles auparavant. Leur culture n'├⌐tait qu'un reliquat d'une autre, consid├⌐rablement plus avanc├⌐e.
  54.  
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