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Text File  |  1994-06-09  |  18KB  |  51 lines

  1. LES D╔BUTS DE L'HYDRO-╔LECTRICIT╔ EN ONTARIO 
  2.  
  3. Kenneth C. Dewar 
  4.  
  5.      Peu d'inventions ont soulevΘ autant d'enthousiasme chez les politiciens, ou d'espoir chez les hommes d'affaires, que l'avΦnement de l'ΘlectricitΘ en Ontario α la fin du XIXe siΦcle. Cette nouvelle source de lumiΦre et d'Θnergie a eu des rΘpercussions Θnormes sur l'Θconomie et la politique de la province, comparables seulement α l'avΦnement du chemin de fer, cinquante ans plus t⌠t. En outre, tout comme la locomotive α vapeur a inspirΘ d'innombrables hymnes au progrΦs et α l'industrie, de mΩme, l'½hydro╗ a produit sa propre mythologie de progrΦs industriel, d'expansion illimitΘe, loin des cheminΘes vomissant des panaches de fumΘe qui avaient ΘtΘ leur ombre sur l'Θpoque prΘcΘdente. 
  6.  
  7.      C'est l'histoire politique de l'hydro qui a le plus fascinΘ les historiens, chose peu Θtonnante puisque, pendant presque deux dΘcennies (et, par intermittence, jusqu'α nos jours), l'Θnergie hydro-Θlectrique Θtait un des pivots de la politique en Ontario. └ qui devrait-elle appartenir? └ un organisme gouvernemental? Dans ce cas, comment cet organisme devrait-il Ωtre administrΘ? 
  8.  
  9. L'½Hydro╗ 
  10.  
  11.      En 1906, en rΘponse aux demandes d'un mouvement organisΘ d'hommes d'affaires, le gouvernement provincial crΘait l'Hydro-Electrical Power Commission of Ontario. ½L'Hydro╗, comme on n'a pas tardΘ α l'appeler, Θtait autorisΘe α construire des lignes de transport reliant les centrales hydro-Θlectriques aux municipalitΘs partout dans la province, mais reliant d'abord et avant tout les chutes du Niagara aux villes du Sud de l'Ontario. Elle Θtait Θgalement autorisΘe α aider les municipalitΘs α Θtablir un service local de distribution d'ΘlectricitΘ et, moyennant l'approbation du Cabinet provincial, α acheter ou α exproprier des sociΘtΘs privΘes. Certains intΘrΩts financiers, notamment α Toronto et α Londres, ont opposΘ une vive rΘsistance α la politique gouvernementale et ont persistΘ bien aprΦs la mise en service de la Commission en 1910. ½L'Hydro╗ a ΘtΘ entourΘe de conflits presque sans arrΩt pendant une douzaine d'annΘes encore. 
  12.  
  13. ╔tatisation 
  14.  
  15.      Plus qu'en raison de son r⌠le prΘcis dans la politique ontarienne, c'est α titre d'exemple d'entreprise ΘtatisΘe au Canada que ½l'Hydro╗ a surtout intΘressΘ les historiens. Avec les compagnies de tΘlΘphone des Prairies, les Chemins de fer nationaux et Radio-Canada, ½l'Hydro╗ a longtemps ΘtΘ considΘrΘe comme une illustration de cette Θtrange tendance canadienne α l'ingΘrence gouvernementale dans l'Θconomie. ╔trange parce que, jusqu'α tout rΘcemment, il Θtait prΘsumΘ que, dans l'Θvolution d'une sociΘtΘ capitaliste libΘrale, la pratique normale d'un gouvernement Θtait d'Θviter d'intervenir dans la conduite des affaires. Jusqu'au cours dans annΘes trente et de la Seconde Guerre mondiale, le libΘralisme des gouvernements favorisait le progrΦs capitaliste. Dans le contexte canadien, la participation Θconomique de l'╔tat Θtait perτue comme une aberration, une tendance au ½socialisme d'╔tat╗. Par consΘquent, ce phΘnomΦne a fait couler beaucoup d'encre. Les explications offertes reposaient habituellement sur une ou plusieurs prΘtendues caractΘristiques de la nature ou de la situation du Canada: sa vaste Θtendue, son manque de capitaux, son problΦme de survie sur le continent nord-amΘricain, son ½toryisme╗. En fait, un haut degrΘ d'intervention de l'╔tat dans les activitΘs Θconomiques est maintenant considΘrΘ de maniΦre gΘnΘrale comme un ΘlΘment de l'insaisissable identitΘ canadienne. 
  16.  
  17.      Cependant, c'est lα une vision dΘformΘe et trompeuse du r⌠le de l'╔tat dans le dΘveloppement du Canada. Deux sortes de faits ont menΘ α cette conclusion. D'abord, un nombre croissant d'auteurs remettent en question le rapport d'Θquivalence entre le libΘralisme Θconomique et le capitalisme. Au cours des trente derniΦres annΘes, les programmes de recherche ont indiquΘ, de plus en plus manifestement, qu'en Europe occidentale, aux ╔tats-Unis et en Grande-Bretagne, le dΘveloppement capitaliste au XIXe siΦcle Θtait caractΘrisΘ par une association active du secteur privΘ et du gouvernement. Le libΘralisme Θconomique existait certes, mais comme instrument de propagande α brandir dans un dΘbut par le groupe dont il semblait pouvoir servir les objectifs. Il ne faisait jamais partie intΘgrante de la politique. C'est un fait α retenir dans l'Θtude du Canada, parce que nos conclusions concernant l'activitΘ des gouvernements au Canada ont ΘtΘ en grande partie faτonnΘes par la maniΦre dont nous avons formulΘ nos question. Si notre expΘrience d'Θtatisation n'Θtait pas unique en son genre, il convient peut-Ωtre de l'expliquer, non pas en fonction de quelque caractΦre α notre sociΘtΘ, mais par des facteurs beaucoup plus prΘcis et plus prosa∩ques liΘs au contexte particulier de chaque exemple d'intervention gouvernementale. 
  18.  
  19. ½L'Hydro╗ et l'Θtatisation 
  20.  
  21.      La seconde sorte de faits vient confirmer le bien-fondΘ de cette optique. En ce qui a trait α ½l'Hydro╗ l'Θtatisation a dΘcoulΘ de besoins prΘcis des fabricants et commerτants ontariens et de l'interaction de ces besoins avec des changements technologiques et des forces Θconomiques sur lesquels ils n'avaient guΦre d'emprise. FonciΦrement, les entrepreneurs ontariens avaient besoin d'une source d'Θnergie peu co√teuse. Ils Θtaient prΩts α user de leur influence pour que le gouvernement leur procure cette Θnergie, de prΘfΘrence en Θtablissant des rΦglements forτant les propriΘtaires capitalistes des installations hydro-Θlectriques α augmenter leur tarif, mais au besoin, en nationalisant les installations. ½L'Θnergie populaire╗ Θtait toutefois un slogan liΘ aux intΘrΩts des commerτants et fabricants ontariens. Personne ne dΘcelait de contradiction entre l'Θtatisation des services d'ΘlectricitΘ et le maintien de la propriΘtΘ privΘe dans l'ensemble de l'Θconomie. Au contraire, l'une soutenait l'autre. L'½Hydro╗ Θtait un exemple, non pas de ½socialisme d'Θtat╗, mais de ½capitalisme d'Θtat.╗ 
  22.  
  23. L'ΘlectricitΘ et le changement technologique 
  24.  
  25.      Au cours des annΘes 1890, lorsque les possibilitΘs de l'Θnergie hydraulique ont ΘtΘ reconnues, l'ΘlectricitΘ servait dΘjα α Θclairer les rues de nombreuses villes ontariennes, α Θclairer les magasins et les usines et, chez les gens de la classe moyenne ou supΘrieure qui pouvaient s'en permettre le luxe, remplaτait l'Θclairage au gaz. En outre, elle Θtait de plus en plus employΘe pour alimenter les tramways qui circulaient α l'intΘrieur des municipalitΘs et d'une municipalitΘ α l'autre. L'ΘlectricitΘ a, en fait, remplacΘ trΦs rapidement les chevaux comme source d'Θnergie dans le transport public urbain et interurbain et durant vingt ans, jusqu'α ce qu'elle entre en concurrence avec les vΘhicules automobiles, elle offrait un moyen efficace et bon marchΘ de transporter les personnes et les marchandises. Outre l'Θclairage et le transport, l'ΘlectricitΘ alimentait un petit nombre croissant d'usines et actionnait les machines α coudre, les presses et les ascenseurs. Le moteur Θlectrique ne pouvait cependant pas encore faire concurrence aux machines α vapeur dans la plupart des industries. 
  26.  
  27.      Il faut prΘciser que l'ΘlectricitΘ n'est Θvidemment pas, α proprement parler, une ½source╗ d'Θnergie. C'est un moyen de transporter l'Θnergie d'un ½premier moteur╗ α un point o∙ elle peut Ωtre consommΘe. L'Θnergie thermique d'une chaudiΦre, par exemple, qui peut Ωtre alimentΘe au charbon, α l'huile, au gaz ou α quelque autre combustible, peut Ωtre convertie en Θnergie Θlectrique, transportΘe par fil α un consommateur et transformΘe α nouveau en Θnergie mΘcanique par un moteur Θlectrique. De mΩme, l'ΘlectricitΘ peut transmettre l'Θnergie cinΘtique d'une chute d'eau. L'expression ½Θnergie hydro-Θlectrique╗, sert simplement α marquer la diffΘrence avec l'emploi direct de la vapeur ou de l'Θnergie hydraulique. Au cours des annΘes 1890, presque partout en Ontario, la vapeur dominait dans l'industrie et servait α produire la plupart de l'ΘlectricitΘ pour l'Θclairage, la traction ou les machines. 
  28.  
  29.      Trois changements technologiques ont ΘvoluΘs du stade de l'invention et de l'innovation scientifique α celui de l'application commerciale au cours de la derniΦre dΘcennie du siΦcle. Ces progrΦs ont rendu possible l'utilisation de l'hydro-ΘlectricitΘ comme substitut α la vapeur. D'abord, des turbines pouvant s'alimenter efficacement α partir d'une grande chute d'eau ont ΘtΘ mises au point, notamment en Suisse, en Italie et en Allemagne. DeuxiΦmement, le courant alternatif, qui permettait de transmettre l'Θnergie sur une trΦs grande distance, a fait son apparition. Le courant continu, sur lequel reposait jusque lα l'utilisation de l'ΘlectricitΘ, ne pouvait Ωtre transmis efficacement qu'α courte distance. Le succΦs de l'emploi du courant alternatif signifiait qu'une source d'Θnergie aussi vaste que les chutes du Niagara pouvait dorΘnavant servir le centre et le sud de l'Ontario. Enfin, on a perfectionnΘ du matΘriel qui permettait d'utiliser le courant alternatif dans les moteurs Θlectriques. 
  30.  
  31. L'exploitation des ressources du Niagara 
  32.  
  33.      La premiΦre application importante en AmΘrique de la nouvelle technique s'est faite du c⌠tΘ amΘricain des chutes Niagara. En 1895, une sociΘtΘ a commencΘ α produire de l'ΘlectricitΘ et α la transporter α Buffalo (New York), α quelque vingt milles de lα. Contrairement aux prΘvisions, l'expansion industrielle s'est produite directement α Niagara, plut⌠t qu'α Buffalo, et plusieurs annΘes se sont ΘcoulΘes avant que l'entreprise ne soit exploitΘe au maximum. NΘanmoins, c'Θtait un grand pas en avant, qui a suscitΘ beaucoup d'intΘrΩt. Peu α peu, les problΦmes du transport de l'ΘlectricitΘ ont ΘtΘ surmontΘs et les usines ont commencΘ α convertir leurs machines α l'Θnergie Θlectrique. En 1896, des entrepreneurs de Hamilton (Ontario) ont formΘ une compagnie et, deux ans plus tard, leur centrale commenτait α transmettre de l'ΘlectricitΘ α la ville α partir d'un point sur l'escarpement du Niagara, situΘ α trente-cinq milles de distance. └ deux exceptions prΦs, c'Θtait la plus longue ligne de transport en service au monde. Hamilton s'est proclamΘe ½la ville Θlectrique╗ et s'est servi de sa source d'Θnergie relativement bon marchΘ pour encourager les industriels α dΘmΘnager leurs usines ou α construire des filiales. L'ΘlectricitΘ a alors pris une importance double dans l'industrie ontarienne: l'Θnergie hydro-Θlectrique Θtait moins co√teuse que la vapeur et cette derniΦre Θtait dΘrivΘe de la houille amΘricaine importΘe. L'exploitation de l'abondante Θnergie hydraulique de l'Ontario rΘduirait de beaucoup la nΘcessitΘ de dΘpendre d'une source d'Θnergie ΘtrangΦre. 
  34.  
  35. L'hydro-ΘlectricitΘ et la politique ontarienne 
  36.  
  37.      Avant mΩme l'apparition de l'Hydro Ontario, la nouvelle technique revΩtait une importance politique considΘrable. Le mouvement de rΘforme urbaine avait pris de l'ampleur depuis la fin des annΘes 1880. Ce mouvement, qui Θtait essentiellement une rΘponse des hommes d'affaires et des professionnels aux problΦmes crΘΘs par la croissance urbaine incontr⌠lΘe avait entrepris d'amΘliorer la qualitΘ tout en rΘduisant le co√t des services municipaux et de changer la structure de l'administration municipale principalement en concentrant le pouvoir politique entre les mains d'une ½meilleure classe de gens╗, en l'occurrence, les hommes d'affaires et les professionnels. Selon les rΘformateurs, le meilleur moyen d'atteindre le premier but Θtait que l'administration locale prenne les services en main et les administre de maniΦre efficace et rentable par l'intermΘdiaire de ½commissions╗. Le mouvement a connu beaucoup de succΦs. └ commencer ordinairement par l'adduction d'eau, puis les Θgouts, la voirie, etc., les services municipaux sont passΘs de plus en plus dans le secteur public au cours de la pΘriode qui a prΘcΘdΘ la PremiΦre Guerre mondiale. Parfois, la municipalitΘ inaugurait un service et souvent prenait la suite des services dΘjα sous l'Θgide de sociΘtΘs privΘe. L'administration publique des services d'ΘlectricitΘ Θtait particuliΦrement souhaitable, parce que les rΘformateurs espΘraient qu'une ΘlectricitΘ moins co√teuse et plus rentable rΘduirait le co√t d'autres services, notamment du transport, mais aussi du service des eaux puisque les pompes pouvaient fonctionner α l'ΘlectricitΘ. 
  38.  
  39.      Il y avait dΘjα α l'Θpoque beaucoup d'hostilitΘ envers les compagnies privΘes d'ΘlectricitΘ et un sentiment croissant en faveur de leur ½municipalisation╗. └ la fin du XIXe siΦcle, la possibilitΘ de mettre l'hydro-ΘlectricitΘ au service des machines industrielles est venue transformer le r⌠le de l'ΘlectricitΘ. Alors qu'auparavant, les fabricants et commerτants activement intΘressΘs α la politique du Sud de l'Ontario Θtaient sΘduits, sur le plan politique, par les charmes de l'ΘlectricitΘ α bon marchΘ pour l'Θclairage des rues et autres services, nombre d'entre eux Θtaient maintenant sΘduits en tant qu'hommes d'affaires Θgalement. Donc, le nombre de convertis possibles α la politique d'Θtatisation avait augmentΘ. 
  40.  
  41.      En 1903, suite α deux ΘvΘnements, ce potentiel est devenu une force politique rΘelle. Au dΘbut de l'annΘe, le gouvernement provincial a accordΘ α une troisiΦme sociΘtΘ le privilΦge de produire et de distribuer de l'ΘlectricitΘ d'une usine α Niagara Falls. Les deux premiΦres sociΘtΘs Θtaient des sociΘtΘs amΘricaines. L'une avait reτu sa concession dΦs 1892, mais avait retardΘ la construction pendant une dΘcennie α cause de problΦmes d'ordre technique, et aussi afin de laisser le monopole de la production d'Θnergie α Niagara α sa sociΘtΘ mΦre, du c⌠tΘ new-yorkais de la riviΦre. La deuxiΦme sociΘtΘ a Θgalement ΘtΘ mise en chantier en 1902. La troisiΦme Θtait une sociΘtΘ canadienne. Les promoteurs en Θtaient toutefois trois capitalistes de Toronto: William Mackenzie, Henry Mill Pellatt et Frederic Nicholls. Tous trois Θtaient des chefs de file dans le secteur privΘ de l'Θclairage et de la traction α Toronto, et Nicholls Θtait l'Γme dirigeante de la Canadian General Electric Company qui, α l'Θpoque, dΘtenait le monopole virtuel de la fabrication du matΘriel de production et de transport du courant de haute tension. L'attribution de la nouvelle concession a soulevΘ la crainte que l'exploitation hydro-Θlectrique du Niagara ne soit dominΘe par un cartel et que les prix ne s'en ressentent. Dans les villes industrielles du Sud de l'Ontario, on assiste α l'Θmergence d'une nouvelle crainte que l'ΘlectricitΘ produite α Niagara ne profite qu'α Toronto et aux ╔tats-Unis. 
  42.  
  43.      En mΩme temps, des conflits entre patrons et ouvriers dans les bassins de houille anthracite aux ╔tats-Unis avaient interrompu le travail dans les mines, causant des pΘnuries de houille en Ontario α l'automne et l'hiver 1902-1903. Le prix du charbon a grimpΘ rapidement. Bien que l'expression n'ait pas ΘtΘ employΘe α l'Θpoque, il y avait, en fait, une ½crise de l'Θnergie╗. Une des consΘquences a ΘtΘ une plus grande prise de conscience de la capacitΘ des chutes du Niagara de produire de l'hydro-ΘlectricitΘ, source stable d'Θnergie α bon marchΘ. Le mouvement de l'annΘe prΘcΘdente en vue d'obtenir le contr⌠le gouvernemental ou l'Θtatisation des installations hydro-Θlectriques gagnait de plus en plus d'adhΘrents. 
  44.  
  45.      Le gouvernement libΘral, qui Θtait au pouvoir depuis trente ans en Ontario, Θtait Θtroitement liΘ aux intΘrΩts privΘs dΘjα en place, et sa rΘponse aux demandes d'action a ΘtΘ plut⌠t tiΦde. Il a mandatΘ une commission d'enquΩte et autorisΘ les municipalitΘs α agir de leur propre initiative, individuellement ou collectivement. Il a toutefois refusΘ d'entrer dans l'arΦne lui-mΩme. L'opposition conservatrice a rΘagi de maniΦre plus positive et, au cours des deux annΘes suivantes, Adam Beck, fabricant de boεtes de cigares et dΘputΘ provincial de London, a pris la tΩte du mouvement pour l'Θtatisation. Lorsque les Conservateurs ont renversΘ les LibΘraux en 1905, c'Θtait surtout pour des raisons qui n'Θtaient qu'indirectement liΘes α la question de l'hydro-ΘlectricitΘ, mais on s'attendait α ce que le parti Conservateur soit plus favorable α l'Θtatisation que ne l'Θtaient ses adversaires. 
  46.  
  47.      Le nouveau gouvernement s'est empressΘ d'Θtablir sa propre commission d'enquΩte et, en 1906, il adoptait une loi crΘant l'Hydro-Electric Power Commission. Au cours des trois annΘes suivantes, d'autres mesures lΘgislatives sont venues consolider et appuyer la loi originale. La propriΘtΘ des installations de transport de l'ΘlectricitΘ avait ΘtΘ jugΘ suffisante pour forcer les compagnies de production de Niagara α baisser leurs prix et α assurer une distribution plus Θquitable aux municipalitΘs du Sud de l'Ontario. Le groupe torontois de Mackenzie, Pellatt et Nicholls s'est opposΘ α ces mesures et employait toutes sortes de pressions auprΦs du gouvernement. La presse financiΦre au Canada et en Angleterre, qui avait fourni une bonne partie des capitaux du groupe, a amΦrement critiquΘ la crΘation de l'Hydro et notamment la menace d'expropriation des sociΘtΘs privΘes. Le groupe s'est efforcΘ de persuader le gouvernement fΘdΘral d'abroger la loi provinciale. Mais l'Hydro avait gagnΘ la faveur populaire. Le 11 octobre 1910, le courant transmis sur les lignes d'Θtat Θtait officiellement Θtabli α Berlin. 
  48.  
  49.      Les cΘrΘmonies de Berlin inauguraient une pΘriode d'expansion qui allait dΘpasser les prΘvisions des plus farouches partisans de l'Θtatisation. Non seulement les fils de haute tension de l'Hydro desservaient-ils un nombre grandissant de consommateurs, mais, en 1913, la premiΦre centrale hydro-Θlectrique de la Commission ouvrait ses portes et, α la fin de la PremiΦre guerre mondiale, ½l'Hydro╗ se portait acquΘreur d'une des grandes centrales de Niagara Falls et commenτait α en construire une plus grande encore α Queenston. Elle acquΘrait les diverses sociΘtΘs du groupe torontois en 1920. En moins de dix ans, elle avait consolidΘ sa position d'organisme de transport d'ΘlectricitΘ et Θtait devenu, en outre, un producteur hautement centralisΘ d'Θnergie hydro-Θlectrique.  
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