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Text File  |  1996-08-11  |  23KB  |  105 lines

  1.     Dans les villes, le probl├¿me ├⌐tait particuli├¿rement aigu. Non seulement s'├⌐taient-elles lanc├⌐es dans des projets d'expansion au cours des ann├⌐es 20, ce qui avait exig├⌐ d'elles de tr├¿s grands efforts financiers, mais elles ├⌐taient aussi responsables de la plus grande partie du ch├┤mage qui s├⌐vissait au pays dans les ann├⌐es 30. D'un c├┤t├⌐, il y avait la multitude des ch├┤meurs, qu'il fallait nourrir et ├á qui il faudrait, un jour, trouver un emploi malgr├⌐ le co├╗t ├⌐norme que cela supposait, et de l'autre, les contribuables, encore plus nombreux, qui avaient un emploi et qui, dans cette dizaine d'ann├⌐es o├╣ l'ins├⌐curit├⌐ dans le domaine de l'emploi ├⌐tait exceptionnelle, devaient r├⌐gler la note, toujours plus lourde, de l'assistance.
  2.  
  3. R├⌐actions 
  4.  
  5.      Cette tension, cette incertitude et cette ins├⌐curit├⌐ furent ├á l'origine du principal ph├⌐nom├¿ne politique qui se manifesta dans les villes au cours de la d├⌐pression -- les maires radicaux de 1934-1935. Ils surgirent partout au milieu de cette p├⌐riode de crise, ph├⌐nom├¿ne qu'on peut peut-├¬tre comparer ├á celui qui se produisit aux niveaux f├⌐d├⌐ral et provinciaux. Ces maires semblaient avoir en commun une popularit├⌐ qui transcendait les diff├⌐rences entre l'employ├⌐ et le ch├┤meur, le riche et le pauvre, le traditionnel Anglais protestant et ┬½l'immigrant┬╗. Ils poss├⌐daient aussi une sorte de dynamisme qui semblait promettre une forme d'action radicale susceptible de mettre fin une fois pour toutes aux souffrances de cette p├⌐riode difficile.
  6.  
  7.      ├Ç Montr├⌐al, par exemple, il y eut Camilien Houde, un ┬½homme du peuple┬╗, petit (cinq pied sept pouces) et rondelet (267 livres), issu de quelque rue obscure de Montr├⌐al et qui parvint aux postes de maire de la ville et de chef du parti conservateur provincial. Au d├⌐but de la d├⌐pression, il cr├⌐a lui-m├¬me un embryon de ┬½parti┬╗ politique municipal dont les membres ├⌐taient appel├⌐s ┬½les partisans de Houde┬╗. Il entra en lutte ├á la fois avec les chefs f├⌐d├⌐raux et provinciaux au sujet de l'autonomie de Montr├⌐al et il attribua en grande partie la d├⌐pression au d├⌐clin de la moralit├⌐ dont la cause ├⌐tait le ┬½mat├⌐rialisme┬╗ propre ├á la compagnie ├á responsabilit├⌐ limit├⌐e qui ├⌐tait alors en pleine croissance. Ces facteurs entre autres, sans compter une crise de l'assistance publique ├á Montr├⌐al en 1933-1934, amen├¿rent Houde ├á collaborer avec d'autres maires ayant le m├¬me style radical, sinon les m├¬mes convictions.
  8.  
  9.      Il y avait parmi eux James Simpson, maire de Toronto en 1935, et John Queen, maire de Winnipeg. Tous deux ├⌐taient des ┬½socialistes┬╗ affili├⌐s au parti naissant du C.C.F. (Cooperative Commonwealth Federation). Tous deux, ├á la diff├⌐rence de Houde, ressentaient le besoin d'une r├⌐organisation fondamentale sur le plan ├⌐conomique et social plut├┤t que d'un r├⌐tablissement de la sant├⌐ morale, mais, comme lui, ils ├⌐taient en faveur d'une action globale. Dans les Prairies, apparurent aussi Corn├⌐lius ┬½La Taule┬╗ Rink, maire de Regina, ferme partisan de la m├⌐thode du travail symbolique -- dans son cas, le cassage des pierres par les b├⌐n├⌐ficiaires de l'assistance; et Joe Clarke ┬½Le Batailleur┬╗, maire d'Edmonton, qui attaquait avec la m├¬me ├⌐nergie socialistes, commer├ºants du centre-ville et ┬½int├⌐r├¬ts┬╗ de l'Est et recherchait l'appui des ouvriers, des employ├⌐s du commerce de d├⌐tail et des v├⌐ritables fanatiques du sport.
  10.  
  11.      Vancouver fut repr├⌐sent├⌐ par Gerry McGeer, lib├⌐ral ┬½ind├⌐pendant┬╗, qui, issu de la classe ouvri├¿re de l'est de la ville, s'├⌐leva jusqu'├á la haute soci├⌐t├⌐ de Vancouver. McGeer croyait en la puissance de Dieu, aux id├⌐es d'Abraham Lincoln et aux exp├⌐riences financi├¿res comme celles pr├┤n├⌐es par le Cr├⌐dit social. Vers la fin de la p├⌐riode o├╣ il exer├ºa les fonctions de maire, il en vint ├á croire qu'il serait assassin├⌐ pour ses politiques mon├⌐taires peu orthodoxes, tout comme, d'apr├¿s lui, l'avait ├⌐t├⌐ Lincoln.
  12.  
  13.      Ces chefs urbains ├⌐taient nettement anti-conformistes et nettement diff├⌐rents l'un de l'autre. Tous ├⌐taient cependant des activistes turbulents qui avaient obtenu le pouvoir en promettant des mesures radicales. Au fond, le radicalisme reposait sur un d├⌐sir exprim├⌐ de r├⌐crire deux types de convention ancienne: l'Acte de l'Am├⌐rique du Nord britannique et la multitude de contrats intervenus au Canada entre emprunteurs publics et pr├¬teurs priv├⌐s. C'est ainsi que les maires s'en prirent, quoiqu'indirectement, au caract├¿re sacr├⌐ de la constitution et ├á celui des contrats dans un effort destin├⌐ ├á aider les municipalit├⌐s d├⌐sempar├⌐es et les masses de ch├┤meurs qui y habitaient. Concr├¿tement, ces attaques consistaient ├á demander des pr├¬ts de conversion du Dominion leur permettant de rembourser leurs dettes ├á un taux d'int├⌐r├¬t moins ├⌐lev├⌐ et ├á faire accepter au gouvernement f├⌐d├⌐ral l'enti├¿re responsabilit├⌐ ├á l'├⌐gard des ch├┤meurs. Le pr├¬t de conversion permettrait aux municipalit├⌐s de rompre les contrats on├⌐reux pass├⌐s avec des pr├¬teurs priv├⌐s et de se d├⌐charger en partie du poids accablant de leurs dettes. Toutefois, un pr├¬t de ce genre supposait aussi un certain contr├┤le du gouvernement f├⌐d├⌐ral sur les d├⌐penses des municipalit├⌐s. Ce contr├┤le venait directement ├á l'encontre de la comp├⌐tence reconnue aux provinces par l'Acte de l'Am├⌐rique du Nord britannique en mati├¿re de gouvernements locaux. De plus, selon le m├¬me acte, l'immixtion du gouvernement f├⌐d├⌐ral dans le domaine de l'assistance aux ch├┤meurs empi├¿terait sur la comp├⌐tence des provinces en mati├¿re de services sociaux.
  14.  
  15.      C'est lors de la Conf├⌐rence des maires du Canada tenue ├á Montr├⌐al ├á la fin du mois de mars 1935 que s'exprim├¿rent avec le plus de force les d├⌐sirs des maires. Cette conf├⌐rence ├⌐tait organis├⌐e et men├⌐e par les dirigeants des grandes villes du pays. Le slogan ┬½Relief from Relief┬╗ (Assistance pour l'assistance) ├⌐tait l'expression de deux demandes, l'une impossible ├á satisfaire, et l'autre, funeste. La premi├¿re, comme on l'a vu, consistait en un remaniement des contrats financiers et de la constitution canadienne. Les gouvernements f├⌐d├⌐ral et provinciaux n'├⌐taient pas tr├¿s empress├⌐s d'y donner suite. La deuxi├¿me, aux cons├⌐quences funestes, consistait ├á soulager les villes d'une responsabilit├⌐ sociale -- celle du ch├┤mage -- tout en leur imposant un certain degr├⌐ de contr├┤le financier de la part du gouvernement f├⌐d├⌐ral -- selon les modalit├⌐s pr├⌐vues par les pr├¬ts de conversion. Une autre possibilit├⌐ avait d├⌐j├á ├⌐t├⌐ pr├⌐conis├⌐e par les villes dans les ann├⌐es 20 et au d├⌐but des ann├⌐es 30. Selon celle ci, les trois niveaux de gouvernement n├⌐gocieraient une nouvelle r├⌐partition des responsabilit├⌐s et des ressources financi├¿res afin de faire face aux difficult├⌐s n├⌐es de l'├⌐mergence de l'├¿re urbaine et industrielle. Toutefois, en 1935, la volont├⌐ d'agir, sous quelque forme que ce soit, avait remplac├⌐ les calmes discussions. Pendant la crise, plut├┤t que de faire face ├á leurs probl├¿mes, les villes s'exprimaient sans r├⌐serve en faveur de leur propre abdication. D'une certaine fa├ºon, les maires des grandes villes furent les principaux auteurs de l'inf├⌐odation des municipalit├⌐s.
  16.  
  17.      Cette strat├⌐gie eut des cons├⌐quences funestes. En fin de compte, le soin de s'occuper du ch├┤mage revenait aux villes qui ├⌐taient charg├⌐es de l'administration, tandis que le contr├┤le effectif et la mise en oeuvre des grandes politiques passaient aux gouvernements provinciaux. En outre, la plus grande partie du financement ├⌐tait fournie par les deux gouvernements sup├⌐rieurs. Les municipalit├⌐s gardaient les responsabilit├⌐s, sans avoir ni la comp├⌐tence, ni les moyens de contr├┤le. Ce mod├¿le, une fois ├⌐tabli, fut ├⌐tendu ├á toute une s├⌐rie de probl├¿mes urbains propres ├á la soci├⌐t├⌐ moderne, des embouteillages aux probl├¿mes de sant├⌐. En effet, ce syst├¿me s├⌐parait les probl├¿mes urbains, dont les villes continuaient de s'occuper, et les moyens financiers ainsi que les pouvoirs de les r├⌐soudre, qui appartenaient aux gouvernements provinciaux et, dans une certaine mesure, f├⌐d├⌐ral. En principe, les villes ├⌐taient d├⌐pouill├⌐es de la plus grande partie de leur autonomie et du pouvoir de r├⌐soudre leurs probl├¿mes ├á leur fa├ºon. Apr├¿s la Seconde Guerre mondiale, le recul subi par les villes semblait mineur ├á cause de la prosp├⌐rit├⌐ qui r├⌐gnait, mais, en raison de la crise qui atteint les villes ├á notre ├⌐poque, il appara├«t de nouveau dans toute son ampleur.
  18.  
  19. Annexe A: Types d'assistance dans les villes 
  20.  
  21.      Les diff├⌐rentes formes d'assistance variaient ├⌐norm├⌐ment d'une ville ├á l'autre avant la d├⌐pression, m├¬me si certaines grandes orientations apparaissaient au niveau des r├⌐gions. Les provinces maritimes comptaient surtout sur un syst├¿me d'assistance publique, avec un syst├¿me parall├¿le d'oeuvres priv├⌐es, limit├⌐ et assez peu organis├⌐. Au Qu├⌐bec, l'aide provenait presque exclusivement d'oeuvres de bienfaisance priv├⌐es organis├⌐es par les diverses ├ëglises (catholique romaine, protestante et juive) et financ├⌐es en partie par les fonds publics. Dans les villes ontariennes, un secteur priv├⌐ particuli├¿rement solide en mati├¿re de s├⌐curit├⌐ sociale pr├⌐dominait, mais un syst├¿me public relativement complexe ├⌐tait en train de se d├⌐velopper. Dans la plupart des villes de l'Ouest, le secteur public au niveau municipal avait tendance ├á pr├⌐dominer ├á cause des crises financi├¿res qui avaient touch├⌐ le secteur priv├⌐ avant la Premi├¿re Guerre mondiale, mais les services sociaux y ├⌐taient habituellement absents.
  22.  
  23.      Presque au d├⌐but de la d├⌐pression, le secteur priv├⌐ fut submerg├⌐ par l'├⌐norme probl├¿me du ch├┤mage. Le gros des responsabilit├⌐s en mati├¿re de s├⌐curit├⌐ sociale revint aux gouvernements locaux, tandis que les organismes priv├⌐s combl├¿rent certaines lacunes (fourniture de v├¬tements ou secours aux Orientaux ├á Vancouver) et continu├¿rent d'oeuvrer dans certains domaines de la s├⌐curit├⌐ sociale (comme l'aide aux enfants). Les responsabilit├⌐s assum├⌐es ├á l'├⌐gard des ch├┤meurs dans les ann├⌐es 30 incitaient ├á la rationalisation des services d'assistance offerts par le secteur priv├⌐ au niveau local au milieu de cette p├⌐riode. La r├⌐glementation impos├⌐e par les gouvernements sup├⌐rieurs contribua aussi ├á uniformiser la r├⌐partition de l'assistance dans tout le pays. Malgr├⌐ tout, il existait encore une diversit├⌐ consid├⌐rable, comme le montrent les donn├⌐es extraites d'une enqu├¬te du Conseil canadien du bien-├¬tre sur les bar├¿mes d'aide et l'assistance (1936-1937):
  24.  
  25.      Montr├⌐al: Fournit nourriture, combustible, v├¬tements, logement, ├⌐clairage ├⌐lectrique et soins m├⌐dicaux aux familles qui re├ºoivent une aide directe; les personnes seules ne re├ºoivent cependant rien pour le combustible ou l'├⌐clairage ├⌐lectrique. Une commission m├⌐dicale surveille l'attribution de l'aide accord├⌐e pour les soins de sant├⌐ . . .
  26.  
  27.      L'assistance est attribu├⌐e sous forme de ch├¿ques hebdomadaires . . . mais les ch├¿ques destin├⌐s au paiement des loyers sont envoy├⌐s directement aux propri├⌐taires.
  28.  
  29.      Le service d'assistance aux ch├┤meurs de la ville de Montr├⌐al dispose d'un personnel de 570 personnes et le co├╗t de l'administration est d'environ $700 000 par an, ce qui repr├⌐sente ├á peu pr├¿s 4┬╜ pour cent du co├╗t total de l'aide aux ch├┤meurs qui atteint quelque 15 millions de dollars par an.
  30.  
  31.      Vancouver: Vancouver fut l'une des premi├¿res villes au Canada ├á disposer d'un Service municipal d'assistance enti├¿rement organis├⌐. Il compte 113 employ├⌐s.
  32.  
  33.      De 1932 ├á 1935, les secours aux ch├┤meurs furent accord├⌐s d'abord sous forme de certificats et, ├á partir de septembre 1936, en argent. Seuls des travaux publics mineurs furent organis├⌐s pour les sans-travail.
  34.  
  35.      Un c├⌐libataire qui re├ºoit de fa├ºon irr├⌐guli├¿re une r├⌐mun├⌐ration a droit ├á une exemption de $5 par mois et un homme mari├⌐, $10 par mois . . .
  36.  
  37.      La responsabilit├⌐ des c├⌐libataires ch├┤meurs rel├¿ve du gouvernement provincial. Les femmes c├⌐libataires qui sont domicili├⌐es dans la ville re├ºoivent un maximum de 44 cents par jour.
  38.  
  39.      Les b├⌐n├⌐ficiaires de l'assistance aux ch├┤meurs, hommes ou femmes, doivent poss├⌐der une carte du Service de l'emploi prouvant qu'ils font r├⌐guli├¿rement des demandes d'emploi. Ce r├¿glement s'applique aussi ├á tout gar├ºon ou fille de plus de 18 ans inscrit comme personne ├á charge.
  40.  
  41.      Hamilton: Les secours sont distribu├⌐s par un Conseil d'assistance publique form├⌐ de citadins et de membres du Conseil et nomm├⌐s par ce dernier. Le personnel du Service est compos├⌐ de 67 personnes.
  42.  
  43.      Des inspecteurs parcourent toute la ville tous les dix jours. Ce syst├¿me permet au service d'avoir une bonne description et une connaissance ├⌐tendue de chaque famille qui re├ºoit de l'aide. Il fournit un inventaire d├⌐taill├⌐ de tous les v├¬tements poss├⌐d├⌐s par chacun des membres des familles; il permet de conna├«tre de fa├ºon suivie leur vie quotidienne, leur ├⌐tat mental et physique et les conditions g├⌐n├⌐rales du milieu o├╣ se trouvent leurs foyers. Ce syst├¿me permet de conna├«tre la r├⌐mun├⌐ration obtenue par la famille, de v├⌐rifier directement la situation de l'emploi et d'exercer un effet pr├⌐ventif contre la destruction de la propri├⌐t├⌐.
  44.  
  45.      Chaque inspecteur re├ºoit un nombre donn├⌐ de bons pour l'├⌐picerie, la viande, le lait, le pain, le combustible, le loyer et les v├¬tements. Il doit en payer la valeur nominale et, chaque semaine, en rendre compte.
  46.  
  47.      Ottawa: L'assistance est administr├⌐e par un Commissaire de l'Assistance publique qui rel├¿ve du conseil municipal. Un personnel form├⌐ de 62 employ├⌐s s'acquitte des t├óches assign├⌐es au Service. Les secours sont accord├⌐s sous forme de certificats pour tous les articles de d├⌐penses. Le budget de la ville ne pr├⌐voit aucune allocation pour des services autres que l'assistance, et lorsque de tels cas se pr├⌐sentent, ils sont pris en main par les Services d'allocations aux m├¿res n├⌐cessiteuses, les pensions de vieillesse et les organismes priv├⌐s. Les familles ont droit comme r├⌐mun├⌐ration ├á un minimum de $5 par mois, jouissant d'une exemption par rapport au budget, et 65% du solde imput├⌐ au budget de l'assistance.
  48.  
  49.      Un asile des pauvres (Union Mission), financ├⌐ par le secteur public et par le secteur priv├⌐, s'occupe des hommes sans logis ou de passage. Les femmes c├⌐libataires re├ºoivent de l'aide du service d'assistance et d'autres services sont fournis au besoin par des agences du Homeless Women's Committee. Les familles de passage ont droit au transport jusqu'├á leur municipalit├⌐ d'origine.
  50.  
  51.      Edmonton: La politique suivie en mati├¿re d'assistance est ├⌐tablie et administr├⌐e par le Conseil municipal conseill├⌐ par un comit├⌐ sp├⌐cialement constitu├⌐ ├á cette fin. L'administration du service est assur├⌐ par un gestionnaire, seize employ├⌐s affect├⌐s ├á la comptabilit├⌐ et au travail de bureau, quatre au service s'occupant des v├¬tements, un cordonnier, onze enqu├¬teurs, un gardien et deux agents de police . . . Les secours sont accord├⌐s de la fa├ºon suivante: 20% en argent, 80% en nature, sous forme de bons non restrictifs.
  52.  
  53.      Halifax: L'assistance est administr├⌐e par un comit├⌐ relevant du Conseil municipal. . . Le personnel comprend un administrateur, un adjoint ├á l'administration, six enqu├¬teurs et six commis.
  54.  
  55.      Les secours sont attribu├⌐s sous forme de bons qui sont honor├⌐s par toutes les ├⌐piceries de la ville.
  56.  
  57.      Le prix du loyer est accord├⌐ au b├⌐n├⌐ficiaire qui a re├ºu un avis d'expulsion et qui en appelle au Bureau de l'assistance. On lui demande alors de trouver au nouveau logement au plus bas prix possible et il re├ºoit une somme maximale de $10 pour payer le premier mois, apr├¿s quoi c'est l'individu qui doit payer le loyer ├á moins qu'il ne soit de nouveau expuls├⌐.
  58.  
  59.      Avant d'├¬tre inscrit, le requ├⌐rant re├ºoit la visite d'un inspecteur; ce dernier lui fait savoir qu'il doit jurer que tous les points de sa demande d'aide sont exacts. Il est ensuite interrog├⌐ minutieusement . . . les renseignements sont inscrits sur une formule d'inscription tr├¿s d├⌐taill├⌐e.
  60.  
  61.      Lorsque le requ├⌐rant est accept├⌐ et inscrit sur la liste des b├⌐n├⌐ficiaires de l'assistance, il re├ºoit une carte d'identit├⌐ qu'il signe et qu'il doit pr├⌐senter chaque fois qu'il vient chercher son allocation. Le reste du temps, le prestataire doit la garder chez lui, de sorte que, lorsque l'enqu├¬teur arrive, elle puisse lui ├¬tre pr├⌐sent├⌐e. Lorsque l'enqu├¬teur d├⌐cide de la prolongation des prestations, il appose sa signature et la date sur la carte et la remet au prestataire.
  62.  
  63.      Les secours ne sont accord├⌐s qu'une fois la carte pr├⌐sent├⌐e par le prestataire au commis charg├⌐ de la distribution.
  64.  
  65.      Le montant et le type de l'assistance ont aussi vari├⌐ de fa├ºon consid├⌐rable. Les suivantes proviennent d'un rapport sur les syst├¿mes d'assistance dans les grandes villes ├⌐tabli par le pr├⌐sident du Comit├⌐ de l'assistance et de l'emploi de Vancouver en 1934:
  66.  
  67.      Montr├⌐al est le seul endroit o├╣ les allocations pour la nourriture varient selon les saisons. La prestation destin├⌐e ├á la nourriture et aux v├¬tements est augment├⌐e de 10% pendant les mois d'hiver.
  68.  
  69.      Les provinces du Manitoba et de l'Alberta, ainsi que les villes d'Ottawa, de Toronto et de Winnipeg, suivent la m├¬me ligne de conduite que Vancouver en accordant des allocations suppl├⌐mentaires pour la nourriture sur pr├⌐sentation d'un certificat m├⌐dical. ├Ç Montr├⌐al, ├á Calgary et ├á Edmonton, aucune prestation sp├⌐ciale n'est accord├⌐e pour raison de sant├⌐.
  70.  
  71.      Tableau des rations alimentaires 
  72.                (quinzaine)
  73.  
  74.      2 adultes / 2 adultes: 3 enfants
  75.  
  76. Vancouver: $6.32 / $11.50; 
  77. Manitoba: 5.27 / 10.78 (hors de grandes 
  78.      villes);
  79. Alberta: 6.05 / 11.70 (hors de grandes 
  80.      villes);
  81. Ottawa: 6.20 / 10.50; 
  82. Montr├⌐al:*6.80 / 11.60; 
  83. Toronto: 5.12 / 10.88; 
  84. Winnipeg: 5.16 / 10.27; 
  85. Edmonton:**7.50 / 13.20; 
  86. Calgary: 9.00 / 15.30 
  87.  
  88. *Dans le cas de Montr├⌐al, l'allocation destin├⌐e ├á la nourriture ne peut ├¬tre distingu├⌐e, car la prestation s'applique ├á l'alimentation et aux v├¬tements. 
  89. **Edmonton accorde, pour l'alimentation des enfants, une prestation qui varie de 95┬ó par semaine pour les enfants de 12 ans et moins ├á $1.05 pour ceux de plus de 12 ans.
  90.  
  91.      M├⌐thode de distribution: La m├⌐thode des bons pour la nourriture ├⌐tait employ├⌐e dans tous les endroits observ├⌐s, ├á l'exception de la ville de Montr├⌐al, qui accorde une prestation en esp├¿ces pour l'alimentation et les v├¬tements, mais la plupart des villes restreignent les biens qui peuvent ├¬tre achet├⌐s ├á une liste donn├⌐e d'articles d'├⌐picerie; par contraste, Vancouver emploie un syst├¿me de bons non restrictifs.
  92.  
  93.      Logement: On s'aper├ºoit que dans la plupart des cas, les allocations de logement sont accord├⌐es de fa├ºon plus ou moins r├⌐guli├¿re, ├á l'exception de la ville de Toronto qui paie seulement en cas d'urgence. ├Ç Winnipeg, il arrive souvent que plusieurs familles doivent occuper la m├¬me maison, mais un seul loyer est pay├⌐. ├Ç Calgary, l'allocation de logement s'applique aussi ├á l'├⌐clairage, au chauffage et ├á l'approvisionnement en eau pour la p├⌐riode donn├⌐e. ├Ç Montr├⌐al, c'est au propri├⌐taire qu'il incombe de faire la preuve que sa propri├⌐t├⌐ est occup├⌐e par un b├⌐n├⌐ficiaire de l'assistance et il doit lui-m├¬me faire la demande.
  94.  
  95.      Combustible: Nous avons constat├⌐ que la distribution du combustible se fait s├⌐par├⌐ment de celle des certificats pour l'alimentation mais qu'elle pr├⌐sente des diff├⌐rences consid├⌐rables selon les saisons. Le plus souvent, le bar├¿me d'├⌐t├⌐ est comparable au syst├¿me de Vancouver. Montr├⌐al accorde de $2.40 ├á $3.40 par mois durant l'├⌐t├⌐, tandis qu'Ottawa attribue seulement une demi-corde pour une p├⌐riode de six semaines et Winnipeg, un quart de corde par mois pendant l'├⌐t├⌐ et une demi-corde par mois l'hiver.
  96.  
  97.      Travaux publics pour les sans-travail: ├Ç Ottawa, les b├⌐n├⌐ficiaires ne sont tenus de travailler qu'en retour des frais de logement ou de tenue de maison; Montr├⌐al n'exige aucun travail en ├⌐change de l'assistance accord├⌐e; ├á Toronto, les b├⌐n├⌐ficiaires ne sont nullement tenus de travailler en retour de l'assistance re├ºue, mais une certaine forme de travail, appel├⌐e ┬½work test┬╗, a ├⌐t├⌐ institu├⌐e dans laquelle le chef de famille masculin peut ├¬tre appel├⌐ p├⌐riodiquement ├á travailler pendant une journ├⌐e ┬½comme preuve de sa sinc├⌐rit├⌐┬╗; Winnipeg emploie continuellement au chantier deux hommes, choisis par roulement parmi ceux qui re├ºoivent de l'aide. Une somme de 38┬╜ cents de l'heure leur est allou├⌐e sur la caisse de secours et ils re├ºoivent 20 cents par jour comme allocation suppl├⌐mentaire pour la nourriture; Edmonton demande aux b├⌐n├⌐ficiaires une certaine somme de travail pour un salaire de 48 cents l'heure en retour d'une assistance; Calgary demande aux b├⌐n├⌐ficiaires quarante heures de travail par mois, quel que soit le montant de l'aide qu'ils re├ºoivent. Le prix de ce travail est fix├⌐ ├á 50 cents l'heure. Aucune somme d'argent n'est vers├⌐e par le service et aucune allocation suppl├⌐mentaire n'est accord├⌐e.
  98.  
  99.      V├¬tements: ├Ç Ottawa, c'est un organisme priv├⌐ qui s'occupe de cette question et la ville paye les factures pour les v├¬tements neufs; ├á Montr├⌐al, l'allocation en esp├¿ces vers├⌐e pour l'alimentation comprend une somme pour les v├¬tements; ├á Vancouver, le Central Clothing Committee peut passer 26 commandes quotidiennes pour des v├¬tements et le co├╗t en est partag├⌐ avec les gouvernements sup├⌐rieurs; Toronto utilise une m├⌐thode similaire; Edmonton poss├¿de un d├⌐p├┤t central pour la distribution des v├¬tements et les co├╗ts en sont partag├⌐s avec les gouvernements sup├⌐rieurs; ├á Calgary, c'est la Croix-Rouge qui fournit les v├¬tements aux ch├┤meurs.
  100.  
  101.      Ces deux enqu├¬tes montrent la diversit├⌐ des m├⌐thodes de r├⌐partition de l'assistance une fois que la crise de la d├⌐pression eut atteint un certain point d'├⌐quilibre. L'├⌐volution de ces diff├⌐rents syst├¿mes ├á partir de leur point de d├⌐part au moment du Krach de 1929 est encore plus complexe et tout aussi diverse. De plus, les transformations qui suivirent -- ils touch├¿rent g├⌐n├⌐ralement les Services de s├⌐curit├⌐ sociale -- prirent de nombreuses formes. L'organisation mise sur pied par les villes avait pour pendant des organisations semblables dans neuf provinces et au niveau f├⌐d├⌐ral, toutes ├⌐tant diff├⌐rentes dans leurs particularit├⌐s et, souvent, dans leur nature m├¬me.
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